• J'ai l'intime conviction d'avoir déjà vécu cette scène. J'observe avec attention les berges de cette rivière paisible. Le jeu de lumière qui se reflète à la surface presque lisse de l'onde claire est magnifique. Les ombres des grands arbres qui longent le cours d'eau jouent avec la lueur du soleil.

    Toujours bercé par le courant, j'entame un léger virage puis un autre et je vois déjà une colonne de fumée, annonciatrice de la présence d'humains tout proche de ma position actuelle. Ce sont eux, les autres, ceux que je ne connais pas. J'atteins dans la plus grande fluidité la berge en quelques brasses habiles. Mes mouvements sont lents et précis. Ne pas se faire remarquer. J'approche de cette tribu inconnue, le plus discrètement possible.

    J'évolue vers eux en évitant toute agitation inutile et bruyante. Je suis à environ trente brassées de leur position. J'entends les cris aigus d'enfants qui jouent. J'écoute surpris la longue plainte sonore, exécutée par ce que je suppose être un instrument à vent, manipulé par un musicien habile. Je vois maintenant les gestes sans failles exécutés par cet homme nu, aux cheveux curieusement rasés, ramenant à lui un filet de pêche.

    Il est à deux pas du bord de la rivière. Je vois ça et là des truites se tordre et sauter, prisonnières de leur mortel filet. Un autre le rejoint, habillé celui-ci d'une peau légère recouvrant ses épaules, d'une sorte de pagne décoré de couleurs vives, chaussé de sandales à lanières montantes. Il lui vient en aide pour achever la sortie du filet et son butin. Il a la même allure que le premier. Ils échangent des mots incompréhensibles, ignorés de mon vocable primitif d'un néandertalien du nord, descendu vers le sud à la quête d'un climat plus favorable et d'une faune plus abondante.

    J'observe ce curieux dialogue, sans ne rien comprendre, les deux hommes ont le crâne rasé en son centre, traçant une large bande partant du front et finissant à la nuque. Le reste est porté librement, assez long, crinière fauve tombant sur les épaules. Deux autres hommes arrivent portant chacun une longue et fine lance de bois. L'extrémité en est bardée d'une fine et régulière lame de pierre taillée. Ils échangent de rares mots toujours aussi obscurs à mes oreilles.

    Le filet est déployé, les poissons sont vidés à l'aide d'outils tranchants, puis embrochés sur les piques. Je suis absolument surpris par l'efficacité de la manœuvre.  Les piques garnies sont amenées auprès du grand feu, les poissons vont être fumés. Je profite de leur va et viens pour me mettre au sec, très discrètement. Je me rapproche encore, caché par une végétation abondante aux abords de la rivière, mon champ de vision est beaucoup plus large maintenant.

    La scène qui se déroule sous mon air étonné est grandiose. Ce spectacle est tout bonnement merveilleux. La vie de cette tribu inconnue aux mœurs si différents des miens évolue naturellement sous mon regard assoiffé d'images venues d'un très lointain passé. Ce qui se déroule sous mes yeux m'enchante. Je ne vais surtout pas avertir les miens, surtout ne rien dire, garder ce secret.
    Je préfère assouvir ma curiosité croissante. Soudain, un bruit sourd retenti, suivi d'une douleur intense qui s'abat avec violence sur mon crâne. Je tombe à la surface du sol, inconscient, assommé, exit.


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  • Sergei Ivanov, Ivan pour les intimes reçut à l'âge de trente quatre ans le prix Nobel de physique temporel pour avoir mis en évidence un effet lié à tout déplacement dans l'espace-temps. Le passage en phase trois hyper-terminale est le foyer d'un phénomène étrange, juste pendant le court instant ou l'échange de l'âme et de la conscience entre le contemporain et l'ancêtre est provoquée.

    Le contemporain subit alors une inflation psycho-sensorielle de sa zone cérébrale liée à l'atavisme émotionnel. La peur du noir, celle du prédateur tel que le loup, la fascination provoquée par le feu, le goût et l'esprit de compétition et l'instinct de survie, la sensation du déjà vécu, toutes les formes de pressentiments à caractère prémonitoire, deviennent des éléments faciles à décoder dans ce lointain passé.

    Plus encore, cette situation peut aboutir à des symptômes psychiatriques plus ou moins graves, selon l'état initial du contemporain. En effet, celui ci garde la mémoire vive de son enveloppe initiale auquel s'additionne la mémoire de l'ancêtre. Pour être un peu plus clair, non seulement je possède toujours ma conscience mais j'ai également celle de mon lointain parent. Je maîtrise son langage, ses gestes et habitudes de tous les jours, toutes ses connaissances mais je suis également moi-même, celui du point de départ. Cet état est réversible au retour du contemporain dans son monde. Cette découverte n'a été vérifiée que trente ans après sa prévision théorique.


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  • la passion serait-elle un poison qui ronge les entrailles ?

    La passion est un vent qui souffle le Bonheur
    mais quand la bourrasque arrive,
    il peut écraser les coeurs !!!


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  • Cascade Insolite

    Cliché pris au pieds d'une cascade magnifique en Italie du nord.

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  • Florida : KSC

    Devant la navette spatiale Explorer au Kennedy Space Center (NASA) - Florida

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