Sorcier blanc autoproclamé, Carlos Castaneda est né le jour de Noël 1925 au Brésil. Immigré aux Etats-Unis en 1951, il a suivi des études d'anthropologie à l'UCLA (Université de Los Angeles, Californie) avant de devenir très célèbre en 1968 avec la publication de son mémoire de maîtrise, consacré à un séjour mystique dans le désert de l'Arizona et du Mexique. Le livre, intitulé L'herbe du diable et la petite fumée (The Teachings of Don Juan: A Yaqui Way of Knowledge) raconte sa rencontre avec un shaman, un vieux sorcier indien Yaqui mexicain, Juan Matus, qui l'a initié à un monde occulte ancien de plus de 2.000 ans grâce à de puissantes drogues hallucinogènes (peyotl, marijuana, champignons, etc.). De phases d'extase en moments de panique mêlés, Carlos Castaneda décrit ses visions d'insectes géants ou sa transformation en corbeau et divers autres "états de la réalité non-ordinaire" dont il affirme qu'ils lui permettaient de parvenir à un état de suprême sagesse et de savoir.
L'herbe du diable et la petite fumée, mélange subtil d'anthropologie, de parapsychologie, d'ethnographie, de bouddhisme et sans doute aussi de fiction, tombe à pic pour la génération psychédélique des années '60 et devient un best-seller dans le monde entier. En 1973, l'hebdomadaire Time choisit ce "Latino-américain costaud, affable et bourré de vitamines", aux "cheveux noirs, ondulés, coupés courts" et aux yeux brûlant "d'une vivacité humide", pour illustrer la renaissance spirituelle américaine. L'image de couverture du magazine est une gouache représentant Carlos Castaneda devant un corbeau aux ailes déployées, sur fond de désert, un pied de peyotl à la place de l'œil droit.
Discrédité auprès des universitaires -- le vieux shaman indien n'ayant jamais été retrouvé, ses pairs anthropologues accusent Carlos Castaneda de l'avoir inventé -- l'écrivain mystique poursuit néanmoins son aventure initiatique. Il publie de nombreux livres à succès, dont notamment Voyage à Ixtlan, Histoires de pouvoir et La force du silence. Auteur au total de dix livres traduits dans le monde entier, il influence toute une génération et est aujourd'hui considéré comme l'un des pères du New Age. En 1995, lors d'un séminaire, Carlos Castaneda a démenti avoir inventé le récit de L'herbe du diable mais a cependant fait marche arrière sur le recours aux drogues pour ses expériences mystérieuses, reconnaissant que son "hypothèse sur le rôle des plantes psychotropes était erronée".
Parmi bien d'autres écrivains du dernier quart du XXeme siècle, Joyce Carol Oates a estimé que l'œuvre de Carlos Castaneda a marqué un véritable tournant dans la littérature. "Ses livres me semblent être de remarquables oeuvres d'art, sur le thème à la Hermann Hesse de l'initiation d'un jeune homme à un autre mode de la réalité. Ils sont très bien construits. Les dialogues sont parfaits. Le personnage de Don Juan est inoubliable".
Carlos Castaneda était très discret de son vivant. Il évitait soigneusement photos et interviews et entretenait le plus grand flou sur les détails de sa vie. Il s'est éteint comme il avait vécu, dans le calme, le secret et le mystère, le 27 avril 1998, à son domicile de West Wood (Californie), des suites d'un cancer du foie. Sa mort n'a été annoncée officiellement que deux mois plus tard par l'avocat chargé de son exécution testamentaire. Conformément à ses dernières volontés, son corps avait été incinéré et ses cendres dispersées au-dessus du désert mexicain.
"La mort est le plus grand des plaisirs, aimait à dire Carlos Castaneda, c'est pour ça qu'on la garde pour la fin".
Qu'est-ce que la Tenségrité?
La tenségrité est le nom donné à la version moderne des passes magiques: positions et mouvements du corps et respirations qui ont été rêvées et traquées par des hommes et des femmes voyants qui vivaient au Mexique dans les temps anciens, et enseignées à Carlos Castaneda, Florinda Donner-Grau, Taisha Abelar et Carol Tiggs par leur maître, don Juan Matus, un indien Yaqui de Yuma Arizona et de Sonora, Mexique, et l'héritier d'une lignée de voyants originaire du Mexique ancien.
Le mot Tenségrité est emprunté à un architecte, ingénieur et rêveur que Carlos Castaneda connaissait et admirait : R.Buckminster Fuller, qui décrivait la tenségrité comme une combinaison d'intégrité tensorielle, les forces au travail dans une structure qui est formée par un réseau fini de compression, ou éléments rigides interconnectés par des éléments tensoriels, ou élastiques qui donnent à la structure son intégrité générale. A cause de cette propriété élastique des interconnections, quand un élément de la structure de tenségrité est déplacé, ce mouvement est transmis à travers l'ensemble de la structure, et tous les autres éléments se déplacent aussi, ou s'adaptent à une nouvelle configuration, s'adaptant à ces mouvements sans se rompre.
Carlos Castaneda a trouvé que ce processus, la tenségrité, est une description énergétique parfaite de la pratique moderne des passes magiques et de la manière d'être que don Juan Matus lui a enseignée. Dans le cas des passes magiques, la Tenségrité se réfère aux jeux de tension et de relaxation des tendons et des muscles, et à leurs contreparties énergétiques, d'une manière qui contribue à l'intégrité générale du corps en tant qu'unité physique et énergétique. Dans le cas de la vie quotidienne, disait Carlos Castaneda, la Tenségrité est un art: l'art de s'adapter à sa propre énergie, et à l'énergie de chacun des autres d'une manière qui contribue à l'intégrité de la communauté que nous sommes.
Je les ai tous lu à l'exception des ouvrages écrits plus récemment dont j’ai à peine entamé les premières pages car il semblait ne plus y a voir de liens avec les premiers. Carlos tu nous as joué un vilain tour car tu nous a laissé espérer... dans ce monde ou tous les repères s’effondrent les uns après les autres remplacés par le règne hégémonique d’un mercantilisme sans limite et comme seul objectif d’une société soit disant moderne. Il semble que nous ne sachions toujours pas qui nous sommes exactement et ce que nous faisons là si tant est qu’il y ait une raison à cela.
Waouou ! Délicat comme auteur.On est de plein pied dans une réalité mexicaine très pittoresque (et c’est vrai que Don Juan, inventé ou pas, est un personnage très vivant)... Puis on a l’impression de se perdre dans un délire psychédélique.J’ai finis par laisser tomber (au bout de plusieurs livres quand même), car on n’arrive plus à savoir ce qui est réalité et ce qui est pur délire... (mais peut-être y cherchais-je trop des réponses ?).C’est comme si il ne savait plus où est la limite entre ses rêves et ses instants éveillés... Probablement que les champignons n’y sont pas étrangers...Mais il y a beaucoup de ressenti dans certaines de ses descriptions oniriques, dont certaines m’ont fortement intéressé.A lire avec un très fort esprit critique...