• Le voyage 2 : Le départ

    Le voyage 2 : Le départ


    Le commander Zdem avait rejoint les quartiers dans la pointe Nord-est du croiseur de la ligue. La journée avait été longue et il était temps pour lui de prendre un repos bien mérité. Après avoir donné les consignes usuelles à son second Loqmar, il se dirigea vers la sortie de la passerelle de commandement et préféra emprunter à pieds l'avenue des serres qu'il ne tarda pas à longer. Zdem aimait bien la vue de cette végétation exubérante, un savant mélange de forêt vierge exubérante parsemée de cultures ordonnées.  Il rejoignit le carré des officiers et se dirigea dans son secteur qui se trouvait sous une surveillance robotisée. Après avoir franchi le scan d'identification ainsi que le sas de décontamination, il put rejoindre son antre. La porte se referma derrière lui.

    Après une douche réparatrice et une collation apaisante, Zdem observait de l'unique fenêtre de sa chambre la colonne des explorateurs qui déferlait du ventre du croiseur et partait en direction de l'usine. Ils allaient pouvoir ainsi assurer la relève de la première vague qui avait fait des prouesses en réactivant les circulateurs et conditionnement d'air de la base et avaient également assurés la mise en marche des convecteurs thermiques. Une fois la base assainie, il deviendrait possible d'y séjourner. Cette scène lui rappela avec nostalgie sa première mission qui avait débuté 15 ans auparavant sur Liatrra alors que le pathfinder, croiseur arborant le soleil rouge d'Antarès s'apprêtait à parcourir le bras de Persée. Malgré sa légendaire curiosité et sa réputation d'explorateur invétéré, Zdem était fatigué de ces trop longs voyages et l'odeur de sa terre, des fleurs colorées aux parfums si précieux lui manquaient assurément. Il opacifia la transparence de l'ouverture de la baie vitrée, la pièce s'illumina d'une lumière diffuse, il entama un demi-tour avant de saisir sa combinaison pour y extraire de la poche centrale le livre si précieux dans lequel était consigné le journal du capitaine Kevin Jourdin.

    Il s'installa sur son couchage, prit soin d'ajuster le bras souple du traducteur et reprit la lecture des évènements d'un passé révolu.

    Journal de bord du capitaine Jourdin, coordonnées inchangée.

    Les derniers essais réalisés sur notre vaisseau d'exploration sont concluants. La mise au point des convecteurs d'espace-temps est enfin achevée. Nous avons commencé le rapatriement dans le croiseur de tous les membres d'équipages. Seules deux groupes au sol se chargent du ravitaillement du Sélénium, source de carburant fissible utilisé par les pulseurs ioniques.

    Nous allons devoir quitter à tout jamais Tycho Moon, nous nous sommes concertés, et nous avons décidé à l'unanimité de partir, de suivre les sphères. Ici, plus rien ne nous retient, nous n'avons plus aucun contact avec notre monde natal.

    Puis les sirènes du Star explorer ont retenti, l'allumage des réacteurs de sustentation était imminent. Les deux groupes ont rejoins le vaisseau. J'ai donné l'ordre de décollage du vaisseau au lieutenant Idrasseva.

    Je vois encore l'ombre immense de la structure du Star explorer s'étaler sur la surface grise de notre satellite. Puis l'ombre s'est mise à  se mouvoir sur l'étendu du relief de Tycho Moon, mon regard s'attarda un instant sur notre monde d'origine, monde que nous quittions avec un esprit de vengeance presque aveugle. Nous partons corps et âmes vers l'inconnu, dans les pas d'un funeste sillage.

    C'est en croisant dans le champ de gravitation de la quatrième planète de notre système que l'activation automatique des réacteurs à pulsion ionique s'opéra. A partir de cette célérité un halo de stase baigna l'ensemble de la structure externe du  vaisseau assurant ainsi une protection contre les effets d'une accélération sur-relativiste. C'est à ce moment précis que le Star explorer put rejoindre les coordonnées de notre poste avancé, une base de recherche habitée par une centaine d'âmes, base placée sur la surface capricieuse d'un satellite d'une planète géante aux anneaux démesurés. En l'espace de quelques clignements de paupières nous venions d'atteindre notre plus lointain îlot d'humanité. Nous n'avons pas pu communiquer avec la base Avensis qui, curieusement, restait silencieuse à nos appels. Quelques secondes se sont écoulées et nous étions déjà sortis de l'influence gravitationnelle de notre système planétaire.

    Vu d'ici, notre astre prend une allure quasi quelconque se fondant presque avec le tapis des étoiles qui nous entoure, seule sa luminosité le différencie des autres étoiles. A ce moment précis, j'ai pris conscience que notre expédition était un aller simple sans retour, sans doute ce ressentiment provenait de notre éloignement relatif de notre point de départ déjà si reculé.

     Le Star explorer avait maintenant atteint la vitesse critique de la lumière, les distorsions de l'espace rendait impossible une vision nette du cosmos. Seuls les sondeurs pouvaient rendre compte de l'exacte position du vaisseau dans sa trajectoire et emboîter le pas du sillon encore vibrant des mystérieuses sphères destructives.

    J'ai donné l'ordre d'activation des générateurs de repliement spatial avec une célérité de distorsion avoisinant un facteur quatre de la vitesse lumière. Vu de la grande baie du pont de navigation, l'espace ne ressemble plus en rien à ce que nous avons pu découvrir jusqu'alors. La masse noire du cosmos avait viré au turquoise et la trajectoire que le vaisseau suivait,  semblait s'animer dans un vortex irisé d'éclairs épars de couleurs argentées. Je me dois de consigner ces quelques sensations, elles nous sont si nouvelles.

    Une chose était certaine, notre course rattrapait l'énorme avance prise par nos agresseurs mystérieux ! Puis les sphères ont ralenti, ce qui a eu pour conséquence immédiate de nous voir propulser beaucoup plus rapidement vers notre cible. J'ai pris la décision d'ordonner une décélération et l'armement du disrupteur sur les deux flèches de la proue du Star explorer. Notre vitesse subluminique était maintenue constante et permettait de retrouver un espace qui n'était plus soumis aux ondes de distorsion. Nous avons vu les objets se déplacer dans une  formation qui s'inscrivait dans une hélice parfaite. L'ensemble se mouvait avec une certaine élégance qui ne pouvait pas atténuer l'envie de vengeance que nous avions.

    Notre mission n'avait pas cette vocation mais les armes ont parlé.

     J'ai vu les visages des officiers du pont s'assombrir alors que l'unique salve d'anti matière perfora deux des trois incompréhensibles machines. Les multiples explosions éclatèrent la surface de ces engins. L'espace se repliait déjà sur les rares débris et reprenait sa place quand  j'ai constaté qu'il restait une unique sphère qui se dirigeait vers un système complexe de planètes qui orbitaient en périphérie d'Octus, dans la constellation des marches.

    Fin de rapport.


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  • Commentaires

    1
    Numéro de série 23 Profil de Numéro de série 23
    Jeudi 27 Août 2009 à 09:35
    Un passage plus dans le style "hard science"...
    On se croirait à bord de l'Enterprise !

    J'aime l'aller-retour entre le présent et le récit du journal de bord.
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