Blog de l'inutile et du savoir incertain
C'est en Californie qu'Ursula a grandi, entre son père, Alfred KROEBER [anthropologue] et sa mère, Theodora KROEBER, elle-même auteur de livres pour enfants. La profession de son père la pousse à s'intéresser très jeune aux philosophies orientales et aux cultures lointaines.
La première nouvelle qu'elle soumet au magazine Amazing Stories est une histoire de voyage dans le temps - Elle est refusé, mais il faut dire qu'Ursula avait alors seulement 11 ans !
Elève en littérature au collège de Radcliffe, puis à l'Université de Columbia, elle empôche ses diplômes et part étudier en France [Elle exercera d'ailleurs, irrégulièrement, plus tard aux Etats-Unis, comme Professeur de Français]. Là, elle y rencontre Charles LE GUIN qu'elle épouse à Paris en 1953.
Sa première nouvelle publiée - dans Amazing Stories - s'appelle d'ailleurs « April in Paris ».
Elle publie son premier [court] roman, « Rocannon's World » [premier volume d'une trilogie où suivront « Planet of Exile » puis « City of Illusion » ] en 1966. Mais c'est avec « La Main gauche de la nuit » paru en 1969, qu'elle a marqué le genre : centré autour d'une relation ambiguë entre un humain et un[e] extra-terrestre, économe en « effets spéciaux » et riche en introspection, le livre est écrit dans un style subtil d'une grande humanité, inhabituel dans la SF. Le roman reçoit le Prix Hugo en 1970.
Auteur de science-fiction et de fantasy, Ursula LE GUIN écrit aussi de la poésie [Cinq recueils], des livres pour enfants [dont la série best-seller dans les pays anglo-saxons "Catwings"], des pièces de théâtres et des essais.
Il faut savoir qu'Ursula LE GUIN a aussi publié la traduction du "Tao Te Ching" de Lao TSEU, ouvrage chinois de référence sur le taoïsme qu'elle avait découvert à 14 ans dans la bibliothèque de son père et sur laquelle elle a travaillé près de 40 années ! Elle s'est d'ailleurs dite très influencée par le taoïsme, un mysticisme proche du Boudhisme, mais concret et tourné vers l'Homme.
Cette influence est évidente dans le cycle de « Terremer ». D'abord parce que la quête de Ged n'est pas un combat du Bien contre la Mal qui chercherait, comme à l'habitude, à écraser ce dernier. L'objet de la quête de Ged est l'Equilibre, un stade ou la Lumière et les Ténèbres se stabilisent mutuellement. Cette recherche est au cœur du taoïsme.
Autre preuve de cette influence, l'intérêt d'Ursula LE GUIN pour les langues et les noms. Dans « Terremer », chaque créature et chaque objet inanimé possède un vrai nom, un nom qui dit son essence. Connaître son nom signifie reconnaître l'objet ou l'être et aussi le contrôler. C'est la base des apprentissage de l'Ecole de Magie. C'est une façon de reconnaître le pouvoir des mots et la façon dont ils modulent notre perception de la réalité. Et c'est là encore un précepte taoïste.
Ursula LEGUIN est aujourd'hui trois fois mère [ses enfants se nomment Elisabeth, Caroline et Theodore] et trois fois grand-mère. Reconnue comme un auteur de première importance, étudiée dans les universités américaines, elle continue d'écrire, et vit à Portland, dans l'Oregon avec son mari Charles, devenu professeur d'Histoire de France au Portland State College.
Ursula LE GUIN possède, vous vous en doutez, une collection de prix imposante, qui compte en particulier 5 Prix Hugo et 5 Prix Nebula. Elle a apporté à la science-fiction un truc en + : un intérêt chalereux aux êtres humains, à leurs sentiments, aux problèmes du racisme, du contact, de la rencontre... de l'Autre, quoi...