• De retour au campement :

    De retour au campement :

    Le dernier des assauts que nous donnons à ce troupeau  fait l'objet d'un drame. Un grand mâle vient de charger dangereusement sur un des nôtres, la blessure est très profonde, synonyme d'une grande gravité. Le chasseur est porté rapidement à l'abris des bêtes. Je tente de réduire son hémorragie, l'homme perd abondamment son énergie vitale. Il a perdu conscience, il baigne littéralement dans son sang.

    Hélas, nous ne pouvons rien faire pour le maintenir en vie. De retour au campement, nous préparons sa sépulture. Nous partageons tous un instant de silence devant les flammes qui évaporent le corps de notre valeureux chasseur. J'étalerai ses cendres au petit jour autour de toutes les cases de la tribu. La chance sera sur nous et la force de notre guerrier perdu emplira nos corps. Rien n'est perdu à jamais. Sa vie future commencera demain ou dans mille lunes, il décidera de sa renaissance, minérale, végétale ou animale, humaine ou non-humaine, à sa guise. Nous mangeons ensemble autour de mon feu. Les chasseurs relatent les exploits de ces  derniers jours, une partie de chasse particulièrement difficile et meurtrière.  Les femmes préparent déjà  la bête que nous mangerons ce soir. Les peaux seront grattées au racloir de silex. Pour le moment, il est temps de fêter notre chasse, de boire du jus de figue fermenté, ce qui est, vous en conviendrez un juste petit plaisir après tant d'émotions. L'attention toute naturelle du chasseur est maintenant tombée, la pression intérieure diminue, aidée par le breuvage alcoolisé, la nuit est tombée aussi.

    Les ombres des hommes dansent autour du feu que j'entretiens. Le grand feu réchauffe nos cœurs et apaise nos angoisses. Les chants sont entonnés, les rythmes se déchaînent, les danses suggèrent des assauts fictifs animés de mouvements aux positions si provocantes. Je m'éloigne et regarde se divertir de plus loin l'ensemble de ma tribu, sous le regard des milliers d'étoiles qui tapissent la voûte céleste. Mon étoile me sourit, ses scintillements aux reflets rouges  me bercent, je m'endors, fatigué.



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