• Introduction

     

    Une petite histoire, du vécu, enfin du vécu, une histoire donc qui vient d'un rêve que je dois qualifier de récurrent, au moins une bonne dizaine qui résonnent encore dans ma tête et qui me laissent un goût amer, vous comprendrez pourquoi dans quelques lignes. J'ai en effet voulu retranscrire par écrit des épisodes très peu romancés de mes épisodes oniriques.  Je tiens à signaler que je ne prends pas de drogues pour faire des rêves aussi décalés... Rien, nada, de l'eau ou à la limite du lait !!


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    J'ai un vaisseau spatial dans mon jardin, oh il n'est pas énorme, une quinzaine de mètres environ de la proue à la poupe. Un modèle heuuuu Peugeot, je vous vois sourire là !!! Je vois très bien le logo de la marque, le fameux lion des véhicules de la même marque et sa rampe d'optique à caractère félin. Ce vaisseau est posé sur l'allée centrale de mon jardin, il est de couleur gris mat.  Pas vraiment posé d'ailleurs, en perpétuel sustentation anti-gravitationnelle je devrais préciser. Je sais que ce vaisseau est à moi, je sais aussi qu'il n'a pas été posé là par accident. J'ai aussi les clefs de ce vaisseau, avec un joli porte-clef Peugeot aussi.


    Il fait nuit, je suis descendu de ma tanière de renard en pleine nuit. Je suis sorti de chez moi, j'ai fait le tour de ma maison par la descente du garage. Je le vois, silencieux, presque magique. J'ai appuyé sur l'unique bouton de ma clef. J'ai entendu un clac très bref. Un hayon a pivoté de la proue du vaisseau, offrant de larges marches qui m'invitent à monter dans l'antre de ce véhicule cosmique. La couleur bleue est apaisante et guide mes pas vers l'entrée du vaisseau.

    Je gravis les marches, je connais très bien cet environnement, comme un rêve oublié depuis longtemps enfouis dans ma mémoire. Je sens très bien le contact doux des parois du couloir d'accès au poste de pilotage. Celui-ci est muni de deux sièges. Je découvre sans surprise les différentes commandes qui constituent le tableau de bord.


    J'ai vraiment une impression de déjà vécu, je ne suis pas surpris du tout par ce que je découvre. Je rebrousse chemin pour visiter les trois pièces et la soute du vaisseau. Rien n'a changé, tout est à l'identique, une chambre avec un caisson hyperespace, un bureau et un côté galley avec synthétiseur de nourriture, une douche et un cabinet de toilettes, non non ne riez pas je les ai vu!!


     Pour atteindre la soute, il faut ouvrir un large panneau sur le plancher de la coursive, cinq marches permettent d'atteindre le plancher de base des moteurs. Je suis surpris, je connais toute la machinerie de ce véhicule.


    Demain, je reviendrai démarrer, je vais faire un essai d'allumage, si j'ai le courage j'irai faire un tour rapide. Je sors maintenant du vaisseau Peugeot, je zappe avec l'aide de ma clef. Le hayon se referme dans le silence. Je rebrousse chemin et quitte mon jardin. Avant de perdre de vue mon vaisseau je me retourne, il est toujours là !!

       


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  • La main gauche

    La main gauche

    Ce matin là, je me suis éveillé très tôt, j'ai bondi sur mon lit, encore sous le choc de ce rêve qui me semblait encore si réel. Pourtant quelle idée m'a pris de sauter tel un ressors, sur mon lit, et plier un peu mon corps jusqu'à l'ouverture du volet vertical de la fenêtre, volet que je n'abaisse jamais entièrement... pourquoi devais-je regarder par cet interstice dehors, pour y découvrir une partie de mon jardin. Je m'attendais à quoi au fait, voir mon vaisseau Peugeot en sustentation dans l'allée centrale de la partie du jardin qui fait dos à la maison ?

    Fox tu rêves trop me dis-je intérieurement, et tes rêves te dépassent parfois, tu devrais te coucher plut tôt, peut-être aussi relativiser un peu, avoir comme passion la SF, le fantastique et le Fantasy world c'est bien mais tu abuses un peu là !!

    Le jour même j'ai raconté ce rêve étrange à mes enfants. Nous étions à table en train de dîner. Je vois encore leurs têtes, les rictus puis les exclamations de mes deux perles alors que je contais mon songe devant eux. 

    Tu n'aurais pas dû regarder « Galaxy Quest »  hier papa, disait mon fils. Oh et puis tu es toujours dedans, rien d'étonnant que cela t'arrive la nuit, reprit ma fille.

    Peut-être avaient-ils raison, finalement mon monde est ailleurs, j'ai toujours cette impression de ne pas vivre dans mon époque, d'être perpétuellement en décalage avec mon temps.

    Le soir même, un peu résigné, j'ai suivi les conseils de ma conscience et me suis couché relativement tôt, après avoir lu deux épisodes d'une saga qui me passionne... J'ai, par la suite, posé mon livre, mes lunettes. Je me suis allongé, j'ai éteint ma lampe de chevet et j'ai finalement rabattu la couette sur mes épaules. Je me suis machinalement retourné, faisant face à ma fenêtre. Un signe, une envie de revivre ce doux songe déferlait par vagues successives dans ma tête.

    Exit.


    Je me vois encore marcher à pas lents vers l'arrière de mon jardin. Il fait nuit noire et l'air est doux. Une légère brise caresse ma peau, je l'aperçois. Il est là, magistral et magique à la fois. Il rayonne de ses feux aux reflets chauds de teintes rouge-orange dans cette obscurité qui semble s'iriser autour du vaisseau.

    Machinalement, j'ai porté la main droite dans ma poche et j'y ai trouvé la clef. La clef de mon désir le plus cher, celui de pouvoir entrer dans mon engin spatial de marque Peugeot. J'ai pressé l'unique bouton de cette clef, le sas d'accès est maintenant ouvert et je pénètre dans cet antre qui m'est si familier. J'ai longé le couloir qui m'amène maintenant au poste de pilotage. Au moment ou je me glisse dans le fauteuil de commande, j'entends derrière moi le sas qui se referme. Me voilà désormais dans un environnement hermétique. Devant moi je découvre le tableau de bord avec des commandes que je maîtrise parfaitement. Au centre de ce poste se trouve un écran tactile, déjà activé par le simple fait d'être assis au poste de pilotage. De part et d'autre de cet écran de contrôle, deux platines de conduite. Il suffit de poser les mains sur ces plaques, se faisant, elles se colorent en bleu. La platine gauche permet un contrôle de l'altitude de l'engin, la droite la direction à prendre ainsi que la vitesse. Sur le côté droit les commandes d'urgence, rétro freinage, balise de détresse et protection plasma en cas de crash. A gauche une série de bouton qui actionnent les sauts en hyperespace, l'écran ionique permettant une furtivité maximale, la commande de radio holographique. Derrière le poste, un panneau qui contient les témoins de maintenance, d'auto diagnostic, d'auto réparation et de revitalisation.

    Mes mains se posent sur les commandes qui s'illuminent. J'applique avec douceur les doigts de ma main gauche sur la platine. Le vaisseau s'élève très rapidement, trop rapidement. Paniqué par cette pression trop brutal de mes doigts, ma paume écrase la platine et le vaisseau redescend avec une vitesse vertigineuse qui a failli me fracasser sur le toit de mon garage. Visiblement, je maîtrise mais j'ai beaucoup oublié. Je manque vraiment d'assurance. Je réitère maintenant les mêmes mouvements, avec beaucoup plus de douceur. Finalement, me dis-je intérieurement, c'est pas si difficile que ça !!

    J'allais de plus en plus haut quand soudain, je suis sorti de l'atmosphère terrestre et j'ai pu constater la beauté de la Terre, l'Europe entière, une partie de l'Afrique et de l'Asie me faisaient face. Mes yeux étaient éblouis par cette pureté vue d'en haut, une vision qui donne presque un vertige infini. Je découvrais enfin la rotondité de ma belle planète. Je pleurais de joie. J'ai poussé un soupir puis je suis redescendu dans mon jardin en quelques secondes.

    J'ai enfin posé mon vaisseau, à sa place. J'ai fait pivoter le fauteuil de commande, le sas s'ouvrit dans un sifflement discret. Je me suis levé et suis sorti, aussi lentement qu'à mon arrivée. J'ai actionné le bouton de ma clef , j'ai entendu le sas se fermer. J'ai fait quelques pas en direction de la maison et me suis retourné une dernière fois en me disant que j'avais de la chance d'avoir un si beau vaisseau, aux performances venues d'un autre temps mais totalement adaptées à mes capacités.

     


     

     

     


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  • SMPO : Peugeot modèle ENB 12

     

    Non.

    Non, non et non ! Je ne souffre pas d'une pathologie mentale, le confuso-onirisme. Oui, regardez dans un dictionnaire. On peut y lire qu'il s'agit d'un état de confusion mentale ou l'onirisme joue un rôle important. Et bien non, je n'ai pas cette maladie.


    Je suis aux commandes du vaisseau Peugeot, modèle ENB 12. Vaisseau donc qui possède une propulsion écologique, l'Energie Non Baryonique (ENB). Une propulsion propre qui ne rejette ni gaz, ni matière. Le 12 indique simplement qu'il s'agit de la douzième génération  de ce type d'engin, munis depuis la cinquième génération d'un organisme IntelArt. Un véritable bijou de la technologie, et quelle technologie, la SMPO. La Synthèse Matérielle par Pulsions Oniriques. Je vais être un peu réducteur en expliquant de quoi il s'agit. Pour faire court donc je dirai : « je rêve donc je crée », non pas l'illusion d'avoir vu et touché un objet, non,  c'est beaucoup plus fort que cela, l'objet en question existe tout bonnement sous l'action d'ondes cérébrales issues de l'état de rêve. C'est aussi simple que cela. J'ai rêvé de ce vaisseau et bien je l'ai réellement.


    Cela fait déjà trente minutes à ma montre que j'ai quitté mon jardin et je suis en train d'aborder l'amas ouvert des pléiades, de bien belles étoiles je dois dire, qui baignent dans une dentelle d'un bleu magnifique. D'ici, ce voile est d'une beauté sans égal. Un véritable joyau d'étoiles jeunes qui brillent plus les unes que les autres.


    Un signal sonore retentit me sortant de l'état de contemplation dans lequel je flottais. Que se passe-t-il ? Un hologramme apparaît sur le panneau de commande, il m'indique la présence de débris d'astéroïdes de toutes tailles. Le calculateur automatique montre des agrégats minéraux de la taille millimétrique jusqu'aux monstres pouvant dépasser le kilomètre de diamètre. Le vaisseau est en train de pénétrer dans le champ immense de la toile des Pléiades avec une vitesse bien trop excessive.


    Je ralentis instantanément par une pression légère des doigts de la main droite sur la platine qui actionne la célérité. Je zigzague, plutôt paniqué dans ce chaos de roches et de glaces. Des bolides de petites tailles viennent percuter et agacer la surface du vaisseau. Ce bruit me rappelle celui de la pluie qui tombe sur un volet, une pluie drue et sans relâche, la pluie d'un gros orage d'été. Je viens de contourner un énorme planétoïde gris, criblé d'impacts de toutes tailles. Ce demi-tour ne m'aura pris que quelques secondes, le vaisseau file pour s'extraire de cette énorme nuage.


    Soudain, un choc d'une extrême violence fait basculer l'ENB 12 dans une trajectoire des plus aléatoires. Je suis miraculeusement toujours assis dans mon fauteuil de commande. Etourdi par ce choc je tente de faire taire ce bruit strident qui n'annonce rien de bon. Je ne contrôle plus rien de la situation. Je perçois des blocs énormes d'astéroïdes défiler devant mes yeux. A ce moment précis, je pense que je vais mourir. Paniqué et totalement tétanisé par le danger de cette scène, j'ai pris mon visage entre mes mains et j'ai crié :

    -«  je veux rentrer chez moi !! »

    Une voix me répond :

    -«  Entendu, passage en automatique, codage sur situation critique... Auto réparation active, trajectoire de retour ... envisageable ».

    Les mains sur les accoudoirs, je bondis :

    -« Qui me parle ? »

    Ils se passa quelques secondes avant que la même voix me réponde.

    -« ... Et vous qui êtes-vous ? »

    Je n'en reviens pas, j'aurai quand même pu y penser plus tôt, cette voix est celle de l'IntelArt qui n'est autre que le cœur du vaisseau et sa tête aussi. A mi-voix je lâche :

    -« ... Heu, je suis Fox ! ».

    La voix reprend :

    -« Capitaine Fox, je suis ISO, pour vous servir ! Nous sommes sorti de tout danger Capitaine ! »

    -«  Mais il y a peut-être une erreur, je ne suis pas Capitaine ! »

    -«  Vous l'êtes puisque vous pilotez, enfin piloter c'est beaucoup dire, ce vaisseau. »

    -«  Je suis désolé ... de ce que j'ai produit, je manque vraiment d'expérimentation ! »

    -«  C'est le moins que l'on puisse dire Capitaine mais je ne comprends pas le sens de vos propos. Nous avons une trajectoire nominale, les dégâts que vous avez occasionnés sont réparés. Nous rentrons Capitaine. » 

    -« Merci ISO, merci pour tout... Tu m'as sauvé la vie ISO ! »

    -«  Vous n'avez pas à me remercier Capitaine, mais je dois avouer que vous n'êtes pas très doué en pilotage manuel. Nous arriverons dans exactement trois minutes et n'oubliez pas de mettre votre bracelet, cela a failli être fatal pour vous comme pour moi. »

    -«  Quel bracelet ? »

    -«  Authentification d'urgence, le bracelet est une balise qui me permet de sentir vos réactions, de les analyser aussi,  pour réagir en cas de nécessité extrême, comme c'était le cas il y a quelques instants. Capitaine Fox, voici le votre. »


    J'entends un bref  cliquetis et constate qu'une tablette s'ouvre, là,  sur ma droite. Je découvre son contenu. Un curieux bracelet, en apparence plutôt sorti d'un art primitif mais complexe à la fois, finement ciselé sur son pourtour et d'une étonnante sobriété. Je le saisis, le pèse de ma main, je l'observe avec une grande attention. Il semble être constitué d'argent, pourtant il est bien léger. Il me plait, au toucher, son esthétique, sa texture et sa finesse aussi, oui, tout me plait dans cet objet que je glisse déjà sur mon poignet droit.


    -«  Authentification réalisée. Capitaine Fox, vous êtes connecté au central. Nous entrons dans l'atmosphère Terrestre.»


    A ce moment précis, j'ai ressenti une décharge douce, envahissante. Quelques secondes plus tard, le vaisseau c'est posé dans mon jardin dans le silence de cette belle nuit mouvementée.

    En sortant de l'ENB 12, je n'ai pas pu m'empêcher de remercier encore une fois ISO qui m'a répondu d'une voix douce :

    -" Il n'y a pas de quoi Capitaine, c'est un plaisir de vous servir"



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  • Kashyatl du système d’Agorad.


    Cette nuit-là, en descendant dans mon jardin, je me suis aperçu que j'étais vêtu d'une sorte de combinaison dont la couleur orange m'a tout de suite fait penser à la parfaite panoplie d'un pilote d'essai (apprenti pilote pour ma part  devrais-je préciser) d'un engin spatial et pas le moindre, ma Peugeot ENB12 dont je fais office de Capitaine.


    Capitaine Fox, me dis-je à voix haute en esquissant un sourire qui ne cache pas une certaine fierté à porter cette distinction. Un titre que je n'ai pas volé mais qui m'a été attribué d'une manière bien mystérieuse par ISO, l'IntelArt de mon vaisseau.


    Cette combinaison possède des qualités aux propriétés bien particulières. D'une extrême légèreté, elle se porte telle une seconde peau. Elle est aussi d'une résistance sans égal et régule automatiquement la température de mon corps en faisant varier la porosité du tissu végétal qui la compose. Un véritable bijou. Je suis chaussé de bottes légères et très agréables à porter.


    Une fois arrivé au pieds du vaisseau, je porte mes mains dans les poches latérales de mon vêtement... rien. Je palpe mon corps, affolé, je regarde le sol autour de moi aidé par la lueur faible que dégage le blindage du pourtour de l'ENB12. Rien, rien de rien, pas de clef  par ici et absolument rien par là. Je lâche par dépit un « oh non » qui en dit long sur l'angoisse qui monte en moi peu à peu. Comment actionner le sas d'entrée sans cette maudite clef qui me fait défaut. Je rebrousse chemin et reviens aussitôt marchant de droite à gauche les yeux rivés au sol. D'une voix triste et grave, remplie d'amertume mêlée de fatalisme, je finis par m'exclamer
    -« ... J'ai perdu ma clef, bon sang, j'ai perdu ma clef... »

    -« J'en ai la certitude Capitaine Fox ! »

    La voix douce d'ISO est sorti de je ne sais où, puis ajoute avec une certaine ironie tout à fait perceptible dans sa voix :

    - « La clef est sur le fauteuil de pilotage Capitaine, elle a certainement dû choir d'une de vos poches lors de votre précédente visite et pour éviter que cela ne se reproduise, je vous ai muni de votre nouvelle combinaison. Elle possède une poche intérieure prévue pour loger votre précieuse clef. »

    - « ISO ouvre le sas s'il te plait, nous parlerons de ma combinaison plus tard ! »

    - « Hélas, je ne le peux sans votre aide Capitaine ! »

    - «  Comment cela, que puis-je faire pour t'aider ISO ? »

    - « Vous devez vous approcher du panneau latéral à gauche du sas, vous voyez une pièce métallique rouge? il s'agit de la serrure . »

    - « J'y suis ISO et que dois-je faire à présent ? »

    - «  Vous devez faire contact avec votre bracelet sur cette pièce et, à l'aide de votre pouce, faire un pont entre les deux terminaisons du bracelet, je vous préviens, c'est un exercice délicat qui absorbe une énergie considérable. Quand cette opération sera effectuée, ce sera à moi de jouer. Etes-vous prêt Capitaine ? »

    - « Je le suis ISO, mon poigné est en contact avec la serrure, et mon pouce est fermement posé sur les ergots qui terminent  le bracelet, je suis prêt. »


    Soudain une vague provenant de la serrure m'envahit le corps entier, d'abord d'une manière insignifiante puis de plus en plus intense pour en arriver à un état où même la perception de mes sens s'en ressent modifiée. En effet, ma vision est maintenant totalement différente et je vois réellement une sorte d'aurore boréale dont les arcs irisés forment des ponts qui partent des flancs latéraux de l'ENB12 et se terminent sur la serrure. Cette scène fantastique ne dure que quelques secondes, puis tout redevient miraculeusement calme, plongeant ma vue dans l'obscurité nocturne que j'avais quittée depuis si peu de temps.


    La voix d'ISO retentit me sortant du spectacle dont j'avais été à la fois témoin et assistant.

    - «  Le sas est ouvert Capitaine Fox, veuillez vous donner la peine d'entrer. »

    - «  Je ne saurai trop te remercier ISO... »

    - «  Je suis ici pour vous servir Capitaine. »


    Je suis déjà aux commandes de l'ENB12 quand j'ordonne à ISO :

    - «  Cap Sur Sirius ISO, je te laisse les commandes, bien entendu !! »

    - « Je dois reconnaître que c'est préférable Capitaine, mais nous devrons faire un arrêt sur Kashyatl si telle est la destination que vous souhaitez atteindre. »

    - «  Mais pour quelle raison ISO ? »

    - « Tout simplement parce que nous n'avons pas assez de carburant pour arriver à terme de ce voyage. La manœuvre d'ouverture exceptionnelle du sas coûte une énergie colossale. »

    - « Mais c'est stupide, tout cette énergie consommée pour ouvrir un malheureux sas ! »

    - « C'est ainsi que l'on a conçu l'ENB12, ce qui me semble stupide est, pour ma part, d'avoir oublié ou perdu, involontairement je l'admets, la clef de cet astronef  sur le fauteuil de pilotage. D'ailleurs, afin que cela ne se reproduise plus, veuillez sans plus attendre mettre votre clef dans la doublure de votre combinaison. »


    J'acquiesce sans parole et range soigneusement la clef comme me le suggère ISO. Nous avons décollé à ce moment-là et le vaisseau quitte déjà l'atmosphère de la Terre quand je reprends :

    -  « Mais je ne sais pas m'y prendre ISO, comment dois-je faire pour refaire le plein et je suppose que cela coûte quelque chose un plein d'anti-matière ? »

    - « Capitaine, je suis en automatique, ne l'oubliez pas,  je vais me charger de cette manœuvre si ennuyeuse. Par rapport au crédit, vous bénéficiez d'un acompte à vie, c'est le minimum octroyé à votre rang de Capitaine de l'escouade galactique Back Fighter. »

    - « Quel est ce charabia ISO, je ne comprends rien, je pense qu'il y a une erreur quelque part, je ne suis vraiment pas celui que tu penses ISO ! »

    - « Vous l'êtes Capitaine, je passe la vitesse d'impulsion au niveau trois, il faut ralentir pour pénétrer l'espace de sécurité de l'astroport de Kashyatl.


    Devant moi se dessine une étrange planète dont la taille me semble à peu prêt égale à celle de ma bonne vieille Terre. En revanche sa couleur me surprend beaucoup, elle rayonne avec discrétion une phosphorescence aux reflets teintés de jaune et de vert pâle. J'apprends par ISO que le système entier d'Agorad, dont Kashyatl est la seconde planète, est constituée d'antimatière.


    Les Kashyatli exploitent depuis la nuit des temps le commerce d'antimatière dont les vaisseaux ont besoin comme carburant propre. L'ENB12 aborde une descente vers une cité aux proportions gigantesques qui flotte en géostationnaire au dessus de l'atmosphère de Kashyatl. Le vaisseau entame une descente vers une plate-forme d'arrivée, véritable ponton d'amarrage sur lequel l'ENB12 se pose. Deux bras viennent déjà stabiliser le vaisseau qui s'immobilise totalement.


    Ce quai vertigineux ne semble avoir de fin. J'aperçois jusqu'à l'horizon de ce quai immense des vaisseaux de toutes tailles, aux formes étranges et variées, de toutes couleurs aussi. Certains sont énormes, d'autres semblent minuscules, je n'en crois pas mes yeux tant ce spectacle étrange est nouveau pour moi. Je suis sur l'astroport de Kashyatl.

    Dès notre arrivée, ISO a fait plusieurs requêtes, deux réparations mineures à faire et une régénération des réservoirs à antimatière. Déjà, cinq mécarobots travaillent sur le vaisseau.


    - « Cela ne devrait pas être très long Capitaine, mais suffisamment pour que vous alliez vous dégourdir les jambes et prendre une collation dans une taverne de Kashyatl. »

    - «  Oui et j'apprends la langue locale ou intergalactique en dix secondes et je demande un thé au jasmin ? Je suis un étranger perdu sur une plate-forme que je ne saurai aborder facilement ! »

    - « Mettez votre micro casque qui se trouve à la sortie du sas, les lentilles permettent de lire la langue locale, l'oreillette de comprendre la langue et le micro permet un traduction instantanée avec votre interlocuteur. Vous verrez, vous vous sentirez très à l'aise. Tout le monde ici fait usage de cette gamme de traducteur. »

    - «  Tu n'as peut-être pas tort ISO, faire un peu de marche me fera un plus grand bien. » 

    - «  Il est évident que tout se paye ici, utiliser votre bracelet pour ce faire. »

    - «  Très bien ISO, tu m'as convaincu. »


    Déjà levé de mon fauteuil de commande, j'entame un demi-tour et me dirige d'un pas volontaire vers la sortie. J'attrape au passage le micro casque qui s'ajuste parfaitement à mon anatomie et lance :

    - «  Ouverture du sas ISO ! Je vais faire un tour.»

    - « Bien Capitaine, et bonne ballade » ajoute ISO avec une moquerie tout à fait perceptible dans la tonalité finissante de sa courte phrase.





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  • Fazem de Zaltarys

     

    Fazem de Zaltarys 


    Je viens de pénétrer dans l'artère principale de l'astroport de Kashyatl, une bien belle avenue.

    J'ai laissé derrière moi le secteur portuaire, les docks et la zone douanière.
     
    J'avance maintenant d'un pas toujours aussi rapide dans cette avenue grouillante de monde. Je croise des êtres de tailles et de couleurs différentes, des humanoïdes aussi, tous casqués du même traducteur universel. Ici, je suis un quidam qui se fond dans cette masse vivante.
     
    ISO avait raison, je passe tout à fait inaperçu dans l'antre de cette cité cosmopolite qui présente des disparités aux multiples facettes. Les bordures de cette artère sont occupées par des vendeurs qui troquent, échanges des objets étranges qui me sont inconnus mais aussi des étoffes, des fruits aux couleurs étranges. J'aperçois un groupe de personnes qui marchandent et font monter les enchères pour acquérir des cristaux magnifiques qui orneront peut-être des parures et des habits d'apparats. Un peu plus loin je distingue déjà une immense place qui s'ouvre sous le dôme protecteur de cette étrange cité. Je décide de continuer ma progression dans cette direction, les yeux rivés au ciel. Des croiseurs énormes arrivent et partent  au dessus de cette étrange bulle translucide. Je progresse toujours tête levée quand soudain j'entre en collision avec un homme dont la stature est celle d'un colosse.


    - «  Je vous demande pardon, je ne vous ai pas fait mal ? » dis-je confusément.

    - «  Pas du tout, cela peut arriver, vous avez l'air perdu ! » me répond cette homme avec un sourire large.

    - «  A vrai dire, c'est la toute première fois que je fais escale à Kashyatl et je découvre cette cité avec les yeux d'un nouveau-né ! »

    - « Il n'est pas rare que les visiteurs de Kashyatl se sentent un peu perdu lors de leur première escale, la citadelle est si vaste, que cherchez-vous par ici ? »

    - «  Rien de précis, faire quelques pas et peut-être prendre une collation. »

    - « Dans ce cas acceptez ma compagnie, je vais vous mener à la meilleure taverne des lieux, laissez-moi vous faire découvrir le nectar de Belyzyr, un breuvage délicat et revigorant. »

    - « Avec grand plaisir ... »

    - «  Fazem de Zaltarys » reprend mon compagnon, « et vous ? »

    - «  Fox de Terre, ça vous dit quelque chose la Terre ? »

    - « Capitaine Fox à en voir vos atours. Il y a bien longtemps que tout le monde la nomme Sol 3. »

    - « Zaltarys... de quelle constellation êtes-vous ? »

    - « Zaltarys est la seconde planète de l'étoile Alpha Scorpii ou d'Antarès si vous préférez, une bien belle étoile, un géante rouge dont le diamètre est trois cents fois celui de Sol. Vous n'êtes pas très perspicace car ma stature ainsi que mon teint rouge aurait dû vous guider, venez, nous ne sommes plus très loin. »


    J'emboîte les pas de Fazem et gravit deux à deux les marches de la taverne, dont la devanture arbore un étrange symbole que mon viseur traduit aussitôt : Belyzyr de Byrhnn. Il s'agit de cette boisson dont m'a parlé Zaltarys.  Deux vigiles nous abordent calmement . Le premier garde scanne nos corps pendant que le second nous demande nos passes. Je tends, un brin incrédule, mon bras droit présentant mon bracelet. Un stylet à la main, le gardien des lieux touche mon bijou et s'exclame en fixant une tablette qu'il tient de son autre main :

    - « Capitaine Fox, vous pouvez entrer. »


    Quelques secondes après, c'est au tour de Fazem de pénétrer dans ce lieu étrange. Cette taverne est loin d'être bondée, cette grande salle est faiblement éclairée. Nous approchons lentement vers le bar. De petites alcôves abritent des tables sous une coursive soutenue par des piliers ornés de statues de métal qui rappellent des personnages mythiques d'une guerre qui m'est inconnue. Les têtes sont casqués et les corps protégés par des armures étranges.


    Un homme au long tablier pourpre nous rejoint aussitôt. De stature imposante, son visage triangulaire abrite de petits yeux brillants et un large sourire.


    - «  Bonjour Fazem, quel bon vent t'amène sur Kashyatl... mes hommages Capitaine. »

    - «  Le commerce de pierres rares de toute la galaxie, de Vinis, de Torynn et de Spyrr, de belles pièces que je n'ai pas eu grand mal à vendre à des bijoutiers, des orfèvres et des collectionneurs. »

    - « Et toi mon bon Byrnos, tu ne changes pas, toujours fidèle au poste ! »

    - « Pour moi, rien a dire, ma taverne et la petite famille qui grandit, je suis vraiment très heureux ici. Que puis-je vous servir ? »

    - " allons pour deux verres de nectar de Belyzyr, Capitaine Fox ne connaît pas, c'est sa première escale sur Kashyatl..."

    - " Très bien Messieurs..."

    - " Capitaine Fox, vous allez aimer ce breuvage !" reprend Fazem avec un sourire complaisant.

    Byrnos revient chargé d'un plateau qui supporte les deux verres. Il les pose sur notre table et repart aussitôt.

    - « Cadeau de la maison pour mon ami de Zaltarys ! »



    C'est en sirotant cette douce boisson que j'écoute le long monologue du sympathique Fazem. J'apprends comment l'humanité c'est propagé aux confins de notre galaxie depuis plus de sept mille cycles. Je l'assène de questions et lui m'explique, avec beaucoup de minutie, les rencontres pas toujours facile avec d'autres entités humanoïdes, les conflits d'intérêts, le racisme et les guerres pour arriver enfin à l'union galactique, le conseil des sages et l'émergence de la paix. Je comprends aussi que cet état de tranquillité à l'échelle de la voie lactée est mince et relativement récent, qu'il a lui-même, dans son passé, fait partie des derniers libérateurs de la constellation du cygne, ingérence nécessaire des républiques pour instaurer le calme, la tolérance et la justice. Depuis la démobilisation générale, il fait du commerce de pièces de collections rares, d'épices lointaines, de joyaux et bijoux venus des quatre coins de la galaxie.


    Nos verres terminés, nous saluons le tavernier Byrnos et nous replongeons ensemble dans la multitude qui s'agite en tout sens dans l'avenue principale de Kashyatl. Nous déambulons ainsi un moment quand Fazem m'apprend qu'il est attendu dans le quartier Nord de la cité.


    - «  Vous êtes de bonne compagnie Capitaine Fox mais hélas je dois vous quitter. Ce fut un plaisir de vous rencontrer. »

    - « Sachez que ce plaisir est partagé. Je dois également rejoindre le secteur portuaire. Mes respects Fazem de Zaltarys. »

    - « A bientôt, qui le sait ! »  


    De retour à bord de l'ENB 12, ISO m'informe que les réparations mineures sont faites, que les réservoirs d'antimatière sont régénérés et que la note est payée. Assis aux commandes de mon vaisseau, j'autorise le décollage en automatique de l'ENB 12 et demande à ISO de me ramener chez moi. Cette longue ballade m'a beaucoup fatigué, je reste songeur aussi et repense encore à cette excitante discussion que j'ai eu avec Fazem. J'aurai le loisir de découvrir Sirius dans une autre de mes aventures cosmiques.



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