• Le monde extraordinaire de HP Lovecraft

    Le mythe de Lovecraft

    Cette confusion est due au travail d'August Derleth, correspondant et exécuteur testamentaire de Lovecraft, qui oeuvra pour la popularité de ce dernier après 1937. Jusqu'à sa mort en 1971, Derleth fut très actif pour publier Lovecraft et le faire connaître au plus grand nombre. Qu'il soit remercié de cela. Mais enthousiasmé par l'univers du Maître de Providence sans avoir sa vision des choses, il s'attela à veiller farouchement sur "son" Mythe de Cthulhu de manière très exclusive, décidant de ce qu'il devait être ou ne pas être. A l'origine, Lovecraft n'avait pas intégré l'idée de lutte entre le bien et le mal. C'est encore une fois Derleth, en chrétien convaincu, qui s'est attelé à cette tâche, essayant ainsi de créer une cosmogonie et une mythologie cohérente et fort discutable car très éloignée des considérations et des visions de HPL.

    Mais le mythe de Lovecraft n'est pas cohérent. HPL, curieux et cynique du monde dans lequel il vivait utilisait ses créatures, ses lieux, ses narrations pour exprimer son point de vue sur les éléments qui nous entourent, sur les mystères du grand cosmos comme sur la psychiatrie, l'animalité de l'homme ou la sauvagerie de la nature. D'une histoire à l'autre, et parfois au sein d'une même histoire, son mythe est incohérent. Lovecraft ne cherchait pas particulièrement cette cohérence (sans non plus la rejeter) mais simplement une manière de faire passer une idée, un concept. Il a d'ailleurs régulièrement utilisé certains éléments extérieurs pré-existants, comme Le Roi en Jaune, pièce de théâtre maudite cité par Robert W. Chambers dans son recueil éponyme.

     

    Eléments du Mythe

    Le terme de "mythe" suggère une cosmogonie pseudo-religieuse de dieux, divinités et entités de toutes sortes. L'humanité n'est rien d'autre qu'un grain de sable dans un univers régit par des forces cosmiques effrayantes... Le panthéon cthulhien est à l'image du Mythe lui-même : imprécis et paradoxal. Imprécis parce qu'il est difficile d'établir dans le détail les nombreuses entités de Dieux qui le composent, paradoxal parce que les différentes sources se contredisent bien souvent entre elles.

    Imaginez que demain matin vous vous réveillez avec la certitude que toutes vos croyances religieuses ou spirituelles ne sont que pures fantaisies. Ni Dieu ni aucun de ses avatars dans aucune religion, ni le Diable ou ses incarnations n'existent... Seules de sombres entités extraterrestres nous dominent et guident parfois nos volontés... Elles sont immortelles, autrefois elles gouvernaient l'univers tout entier, aujourd'hui la magie les empêchent de régner... Ces entités ont pour nom Azathoth, Yog-Sothoth, Hastur, Cthulhu, Nyarlathotep, Shub-Niggurath...

    Imaginez que des cercles d'adeptes maléfiques, dégénérés, connaissent l'existence de ces entités et les vénèrent aux quatre coins du monde, dans les marais de Louisiane, dans les étendues arctiques, sur les sommets enneigés du Tibet, au cœur de l'Afrique animiste... à côté de chez vous !

    Dieux Très Anciens et Grands Anciens

    Le panthéon cthulhien se divise en deux factions pas toujours distinctes l'une de l'autre : les Très Anciens Dieux également appelés Anciens Dieux ou Premiers Dieux, et les Grands Anciens aussi appelés Anciens, avides d'adorateurs... sur Terre par exemple !

    Rares sont les Dieux Très Anciens nommés et donc connus. Si on excepte Nodens, on ne sait rien d'eux, peut-être parce que chacun n'existe qu'à travers ses semblables. Si l'on en croit les textes, ils seraient les Premiers Dieux et engendrèrent d'une manière ou d'une autre les Grands Anciens. Si l'on sait qu'ils vivent selon certaines règles (celles-là même enfreintes par les Anciens), on ignore si leur groupe dont on ne connaît pas le nombre est hiérarchisé. Ils vivent au large de Bételgeuse et ne m'immiscent que très peu dans les affaires ne les concernant pas directement.

    C'est tout le contraire pour les Grand Anciens, aussi appelés Autres Dieux : ils sont parfaitement identifiables et portent chacun une petite dizaine de noms selon l'endroit de l'univers où on les vénèrent. Ils sont assez nombreux mais pas tous d'égal puissance. Ils ont tendance à s'affronter mutuellement, par défi ou par vengeance, ce qui n'empêche pas leur groupe d'être en partie hiérarchisé, peut-être en prévision de l'heure de la délivrance... On peut tenter de classer ces Grands Anciens en trois grandes catégories :

    1.    Les divinités majeures : Azathoth, Yog-Sothoth, Cthulhu, Hastur, Shub-Niggurath, Nyarlathotep et peut-être quelques autres.

    2.    Les divinités mineures : Ithaqua, Ghatanothoa, Rhan-Tegoth, Ubbo-Sathla, Lloigor et Zhar...

    3.    Les Autres Dieux Inférieurs, divinités anonymes, aveugles et stupides.

    A l'aube des temps, tous vivaient au large de Bételgeuse mais il semble que les Anciens, en désaccord avec les Premiers Dieux, défièrent les règles imposées par ceux-ci, ce qui provoqua leur courroux. Les Premiers Dieux, pour punir les Grands Anciens de leurs actes, les exilèrent aux quatre coins de l'univers. Un sceau magique fut apposé sur chacune des prisons pour interdire toute fuite aux Grands Anciens... Certains d'entre eux furent bannis sur Terre où la vie n'en était qu'à ses prémisses. Là, ils durent affronter la Grand Race, un peuple venu de Yith dans les confins de l'espace. Ayant repoussé cette menace, les Grands Anciens s'installèrent, bâtirent et érigèrent des cités aussi sombres que leur âmes, en ruminant leur vengeance. Il asservirent les créatures qui peuplaient la planète et semèrent la peur et le doute dans les esprits de ceux qui refusaient de les honorer...

    Il est dit que lorsque les étoiles auront repris la configuration qu'elles avaient au moment de l'emprisonnement des Grands Anciens, ces derniers seront libérés car la protection magique du Signe des Anciens Dieux n'agira plus... Il arrive cependant que certains traversent le voile de la réalité et interviennent dans notre monde, tel le Grand Cthulhu qui insuffle les rêves et les cauchemars. Yog-Sothoth, symbole du temps et de l'espace, est contraint de résider en-dehors de l'univers mais il arrive parfois qu'il s'y matérialise...

    D'autre part, les entités et les secrets du Mythe de Cthulhu existent également dans une dimension parallèle à la nôtre. Ce monde d'étrange fantasy est accessible à certains rêveurs, peut-être en faites-vous partie...

    La bibliothèque maudite

    Tout occultiste digne de ce nom se doit de posséder dans les rayonnages de sa bibliothèque quelques-uns des volumes rares et presque introuvables qui révèlent certains des secrets terrifiants du cœur de l'univers. La plupart d'entre eux sont introuvables, les rares exemplaires existants étant généralement sous bonne garde dans les bibliothèques nationales ou universitaires. L'Université Miskatonic d'Arkham possèderait ainsi un large panel d'ouvrages "maudits" consacrés directement ou indirectement au Mythe de Cthulhu...

    Le livre de sorcellerie est un artifice indispensable dans les histoires d'épouvante. Il rend le texte plus inquiétant puisque le lecteur se posera inévitablement la question fatale : ce livre est-il imaginaire ? Lovecraft ne s'y pas trompé et a introduit très rapidement dans ses nouvelles des livres à l'atroce contenu, réels ou fictifs. Le plus connu est bien évidemment le Necronomicon de l'arabe dément Abdul Al-Hazred mais bien d'autres ouvrages parsèment les lignes angoissantes des textes lovecraftiens. Ainsi, le Texte de R'lyeh, le Livre d'Eibon, les Cultres des Goules, le De Vermis Mysteriis créé par Bloch, , les Unaussprechlichen Kulten créés par Howard, Le Roi en Jaune emprunté à Chambers rejoignent l'Al-Azif sur les étagères d'inquiétantes boutiques poussiéreuses...

    Le Necronomicon

    Bien des inconscients qui se disaient prudents ont cherchés à percer les secrets indicibles du tristement célèbre Necronomicon, ouvrage de référence du Mythe de Cthulhu... Rares sont ceux qui ont survécu à l'expérience. S'il ne sont pas morts, ils sont devenus fous... Auriez-vous le courage d'en dénicher un rare exemplaire, de l'ouvrir et de le lire ?

    Il est en fait édité aujourd'hui chez Belfond et je l'ai !!

    Les esprits rêveurs se laissent facilement emporter dans d'étranges songes peuplés de créatures inquiétantes et de l'énigmatique Roi en Jaune. Généralement, les lecteurs érudits sombrent dans la folie car des choses terrifiantes leur sont révélés. Souvent affilié à Hastur, Le Roi en Jaune est peut-être un manuel d'incantation magique pour invoquer cet Ancien. Peut-être s'agit-il plus simplement d'une bible à l'usage de ses adorateurs.

    Les manuscrits Pnakotiques

    Traduits en anglais et compilés en livre au XVieme  siècle, ces manuscrits ne seraient ni plus ni moins que des reliques rédigées par la Grande Race qui régnait sur la Terre il y a cinquante millions d'années. L'auteur de cette compilation affirme d'ailleurs que les Manuscrits Pnakotiques
    seraient préhominiens. A l'heure actuelle, il n'en existe que cinq versions connues gardées précieusement dans des bibliothèques européennes et américaines, dont la bibliothèque de l'Université Miskatonic : quatre exemplaires sont des manuscrits de la traduction anglaise, le dernier est une ancienne traduction hyperboréenne.

    Un univers infini

    Le monde cosmique de H.P. Lovecraft a été développé à la fois dans le temps et dans l'espace : l'Antiquité des dieux noirs et des démons rampants côtoie les voyages stellaires d'entités aux intentions douteuses ; il n'est ni immuable ni statique. Lovecraft a toujours pris soin de brouiller les pistes de son monde littéraire, mélangeant allègrement science et occultisme, traditions païennes et croyances monothéistes, pragmatisme et rêve. Cet univers aux frontières invisibles n'est ainsi matérialisé chez le Maître que par de nombreuses références occultes, des noms étranges, quelques cauchemars éveillés, tous inventés ou repris à d'autres auteurs. L'univers du Mythe de Cthulhu se situe ainsi sur trois plans : la réalité temporelle, la réalité spatiale et les rêves.

    Lovecraft fait fi des époques et explore les méandres du temps par la grâce de ses créatures plusieurs fois millénaires. Les murs de la cité des Anciens en Antarctique (Les montagnes hallucinées) ou de la Cité Sans Nom dans le désert proche-oriental (La Cité Sans Nom) sont couverts de gravures relatant les histoires de leurs bâtisseurs. Bâtisseurs si anciens que les hommes n'ont pas connaissance de leur existence mais qui furent pourtant bien plus évolués que nous ne le serons jamais...

    Le temps chez Lovecraft n'a pas de prise. Herbert West (Herbert West, réanimateur), génie dément, réanime des créatures qui se vengeront de lui par-delà le temps. La Grande Race de Yith fuit ses ennemis héréditaires dans le futur. Joseph Curwen, le sorcier maléfique immortel se moque bien du temps (L'affaire Charles Dexter Ward), de même que Cthulhu, mort et endormi à la fois. Quant à Yog-Sothoth, il personnifie ce temps lovecraftien corrompu, à la fois Clé et Porte. Yog-Sothoth connaît le passé, le présent et le futur, il peut les traverser comme de simples seuils. Finalement, nous pouvons constater que seuls les humains, êtres imparfaits et serviles, ne maîtrisent pas la dimension temporelle...

    ... Pas plus qu'ils ne maîtrisent la dimension spatiale ! Si nous sommes parfaitement capable de l'appréhender, de la mesurer, voire de la parcourir dans une certaine mesure, cela reste à notre humaine échelle. Au contraire, les entités du fond de l'univers traversent des étendues cosmiques en battant des ailes, à l'instar des Mi-Go ou des byakhees. Leur perspective non-euclidienne se joue de la tridimensionnelle théorie Euclidienne; pour eux, il y a une infinité de dimensions qui se superposent, se rejoignent, parfois se heurtent. De fait, pour les humains, ils faut avoir recours à un artifice pour les visiter : un miroir magique, une drogue exotique, quelques sortilèges étranges lus dans l'abhorré Necronomicon... A cet égard, Lovecraft peut être considéré comme l'un des précurseurs des courants de science-fiction temporelle, avec ses grandes traversées spatiales et ses étranges détours inter dimensionnels.

    Enfin, parlons de rêves. Ceux-ci tiennent une place particulière dans l'œuvre de HPL au point qu'il leur ait consacré un pan entier de sa littérature, communément appelé Contrées du Rêve. Ces textes, sans se départir de l'indicible angoisse qui s'insinue dans tous les écrits du Maître, sont parmi ses plus poétiques : Ulthar, Polaris, Sarnath, Kadath, Inquanok sont autant de mots qui éveillent chez le lecteur une sensation d'exotisme légendaire, de pays merveilleux. Hors du temps et de l'espace, ces lieux magiques et sombrement séduisants invitent au voyage. Par cette dimension onirique, Lovecraft s'affirme comme un auteur de fantasy inspiré, dont l'univers n'est pas sans rappeler les mondes dangereux et virils de Robert E. Howard. Mais Howard nous raconte l'histoire de l'humanité, Lovecraft se contente de la rêver. Il faut d'ailleurs rappeler que Lovecraft avouait qu'il rêvait plus qu'il n'écrivait. Quel dommage pour nous, pauvres lecteurs, de ne pouvoir visiter ces rêves emplis de cités éternelles, de lieux impies, d'entités décharnées...

    Le temps, l'espace, les rêves. Trois notions importantes de l'œuvre du Maître de Providence qui lui donnent tout son sens. Et c'est ce qui effraie et séduit chez Lovecraft : l'impression de maîtriser ce qui nous échappe totalement...

    Le carrefour des civilisations ?

    L'univers de Lovecraft est certes infini, il n';en demeure pas moins que notre bonne vieille planète bleue, malgré son apparente insignifiance au sein du cosmos, occupe une place à part et fort peu recommandable : Cthulhu y est banni, Nyarlathotep la convoite, Ithaqua y fait de fulgurantes mais terrifiantes apparitions, Yog-Sothoth sait s'y faire désirer... On ne parlera pas des hordes de semi dieux qui peuplent les entrailles de la Terre - Tsathoggua, Yig, Dagon ou Rhan-Tegoth, ni des espèces qui viennent régulièrement la visiter - les Fungi de Yuggoths ou la Grande Race de Yith.

    A croire que les légions cosmiques s'y donnent rendez-vous ? Pourquoi un tel engouement pour la Terre ? Ils semblerait, d'une part, que les humains sont un réservoir de ressources mentales et physiques facilement malléables et inépuisables ; de plus, les Grands Anciens aiment ceux qui les vénère et les humains sont friands de dieux en tous genre ; peut-être est-là ce qu'on appelle une alliance d'intérêt.

    Ensuite, la Terre est certainement un endroit spatial stratégique puisque les Anciens (les "Choses Très Anciennes", pas les "Grands Anciens"), les Yithiens ou leur adversaire héréditaires les "polypes volants" y ont bâtis de nombreuses forteresses ; les Mi-Go y ont également quelques avant-postes.

    Tout ceci explique certainement l'importance de la Terre mais nos petites intelligences ne sont pas suffisamment développées pour appréhender correctement les intentions de ces visiteurs de l'espace et du temps donc évitons les jugements hâtifs.

    August Derleth

     


    Métier(s) : Ecrivain
    Nationalité : Américain
    Né le : 24/02/1909
    Site web : Aucun, si c'est pas une honte ça !!!


    Né à Sauk City (Etats-Unis) en 1909, August Derleth devint anthologiste, éditeur et auteur de textes fantastiques et policiers. Il devient le correspondant et l'ami de H.P. Lovecraft en 1925. Après la mort du grand auteur, il termina ses manuscrits inachevés, continua son oeuvre, et fonda la maison d'édition Arkham House pour la perpétuer et la faire connaître. Il dirigea cette maison d'édition jusqu'à sa mort. Auteur dans le domaine policier de nombreux romans (série du juge Ephraïm Peck) et de nouvelles (Les enquêtes de Solar Pons), il écrivit beaucoup sous le pseudonyme de Grendon Stephen. Il mourut en 1971.

    Pour voir les travaux réalisés par Derleth sur l'œuvre de Lovecraft, voir l'anthologie des oeuvres de H.P.Lovecraft Tome 2 chez Robert Laffont.


     


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  • Sorcier blanc autoproclamé, Carlos Castaneda est né le jour de Noël 1925 au Brésil. Immigré aux Etats-Unis en 1951, il a suivi des études d'anthropologie à l'UCLA (Université de Los Angeles, Californie) avant de devenir très célèbre en 1968 avec la publication de son mémoire de maîtrise, consacré à un séjour mystique dans le désert de l'Arizona et du Mexique. Le livre, intitulé L'herbe du diable et la petite fumée (The Teachings of Don Juan: A Yaqui Way of Knowledge) raconte sa rencontre avec un shaman, un vieux sorcier indien Yaqui mexicain, Juan Matus, qui l'a initié à un monde occulte ancien de plus de 2.000 ans grâce à de puissantes drogues hallucinogènes (peyotl, marijuana, champignons, etc.). De phases d'extase en moments de panique mêlés, Carlos Castaneda décrit ses visions d'insectes géants ou sa transformation en corbeau et divers autres "états de la réalité non-ordinaire" dont il affirme qu'ils lui permettaient de parvenir à un état de suprême sagesse et de savoir.



    L'herbe du diable et la petite fumée, mélange subtil d'anthropologie, de parapsychologie, d'ethnographie, de bouddhisme et sans doute aussi de fiction, tombe à pic pour la génération psychédélique des années '60 et devient un best-seller dans le monde entier. En 1973, l'hebdomadaire Time choisit ce "Latino-américain costaud, affable et bourré de vitamines", aux "cheveux noirs, ondulés, coupés courts" et aux yeux brûlant "d'une vivacité humide", pour illustrer la renaissance spirituelle américaine. L'image de couverture du magazine est une gouache représentant Carlos Castaneda devant un corbeau aux ailes déployées, sur fond de désert, un pied de peyotl à la place de l'œil droit.


    Discrédité auprès des universitaires -- le vieux shaman indien n'ayant jamais été retrouvé, ses pairs anthropologues accusent Carlos Castaneda de l'avoir inventé -- l'écrivain mystique poursuit néanmoins son aventure initiatique. Il publie de nombreux livres à succès, dont notamment Voyage à Ixtlan, Histoires de pouvoir et La force du silence. Auteur au total de dix livres traduits dans le monde entier, il influence toute une génération et est aujourd'hui considéré comme l'un des pères du New Age. En 1995, lors d'un séminaire, Carlos Castaneda a démenti avoir inventé le récit de L'herbe du diable mais a cependant fait marche arrière sur le recours aux drogues pour ses expériences mystérieuses, reconnaissant que son "hypothèse sur le rôle des plantes psychotropes était erronée".

     

    Parmi bien d'autres écrivains du dernier quart du XXeme  siècle, Joyce Carol Oates a estimé que l'œuvre de Carlos Castaneda a marqué un véritable tournant dans la littérature. "Ses livres me semblent être de remarquables oeuvres d'art, sur le thème à la Hermann Hesse de l'initiation d'un jeune homme à un autre mode de la réalité. Ils sont très bien construits. Les dialogues sont parfaits. Le personnage de Don Juan est inoubliable".


    Carlos Castaneda était très discret de son vivant. Il évitait soigneusement photos et interviews et entretenait le plus grand flou sur les détails de sa vie. Il s'est éteint comme il avait vécu, dans le calme, le secret et le mystère, le 27 avril 1998, à son domicile de West Wood (Californie), des suites d'un cancer du foie. Sa mort n'a été annoncée officiellement que deux mois plus tard par l'avocat chargé de son exécution testamentaire. Conformément à ses dernières volontés, son corps avait été incinéré et ses cendres dispersées au-dessus du désert mexicain.

    "La mort est le plus grand des plaisirs, aimait à dire Carlos Castaneda, c'est pour ça qu'on la garde pour la fin".



    Qu'est-ce que la Tenségrité?

    La tenségrité est le nom donné à la version moderne des passes magiques: positions et mouvements du corps et respirations qui ont été rêvées et traquées par des hommes et des femmes voyants qui vivaient au Mexique dans les temps anciens, et enseignées à Carlos Castaneda, Florinda Donner-Grau, Taisha Abelar et Carol Tiggs par leur maître, don Juan Matus, un indien Yaqui de Yuma Arizona et de Sonora, Mexique, et l'héritier d'une lignée de voyants originaire du Mexique ancien.

    Le mot Tenségrité est emprunté à un architecte, ingénieur et rêveur que Carlos Castaneda connaissait et admirait : R.Buckminster Fuller, qui décrivait la tenségrité comme une combinaison d'intégrité tensorielle, les forces au travail dans une structure qui est formée par un réseau fini de compression, ou éléments rigides interconnectés par des éléments tensoriels, ou élastiques qui donnent à la structure son intégrité générale. A cause de cette propriété élastique des interconnections, quand un élément de la structure de tenségrité est déplacé, ce mouvement est transmis à travers l'ensemble de la structure, et tous les autres éléments se déplacent aussi, ou s'adaptent à une nouvelle configuration, s'adaptant à ces mouvements sans se rompre.

    Carlos Castaneda a trouvé que ce processus, la tenségrité, est une description énergétique parfaite de la pratique moderne des passes magiques et de la manière d'être que don Juan Matus lui a enseignée. Dans le cas des passes magiques, la Tenségrité se réfère aux jeux de tension et de relaxation des tendons et des muscles, et à leurs contreparties énergétiques, d'une manière qui contribue à l'intégrité générale du corps en tant qu'unité physique et énergétique. Dans le cas de la vie quotidienne, disait Carlos Castaneda, la Tenségrité est un art: l'art de s'adapter à sa propre énergie, et à l'énergie de chacun des autres d'une manière qui contribue à l'intégrité de la communauté que nous sommes.


     


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  • August Derleth   August William Derleth est né le 24 Février 1909 à Sauk City dans le Wisconsin aux Etats-Unis. Sa famille est d'origine Allemande. Dès l'âge de 13 ans, grand fan de Sherlock Holmes, il commence à écrire des histoires policières. En 1926, alors qu'il est lycéen, sa première nouvelle "Bat's Belfry", une histoire de vampire, est publiée dans le magazine "Weird Tales". Il devient, alors, un des auteurs les plus publié du magazine avec plus de 120 nouvelles sans compter celle où il était en collaboration avec d'autre auteur.

    Après la mort de son idole H.P. Lovecraft en 1937, avec lequel il avait entretenu une correspondance pendant 12 ans sans jamais le rencontrer, il s'attacha à terminer ses manuscrits inachevés et a continuer son œuvre. Il fonda avec Donald Wandrei, la maison d'édition Arkham House pour perpétuer et faire connaître l'œuvre de Lovrecraft. Le nom d'Arkham provient du nom de la ville fictive du Massachusetts où se déroulaient les meilleurs récits de Lovecraft. Derleth divisa, alors, son travail entre les fictions étranges et les nouvelles historiques fort critiquées, basées dans son Wisconsin natal. Il dirigea cette maison d'édition jusqu'a sa mort, qui édita aussi d'autre auteur comme C. A. Smith , Ray Bradbury , Robert Bloch ,Fritz Leiber ,ou Robert E. Howard.

    S'il a beaucoup écrit, notamment certaines œuvres inachevées de Lovecraft, il reste que son style n'a pas su s'imposer parmi les grands auteurs de fantastique américains et que les textes signés de sa plume unique restent en réalité assez rares. Il fut même critiqué pour avoir publié ses propres oeuvres sous le nom de collaboration avec Lovecraft, responsable uniquement des synopsis comme pour le roman de 1945 : Le rôdeur devant le seuil.

    Derleth est connu aussi pour être l'auteur dans le domaine policier de nombreux romans comme la série du "Judge Ephraim Peabody Peck" ou les enquêtes de "Solar Pons". Pour l'anecdote, c'est lorsqu'il avait 19 ans, qu'il demanda à Arthur Conan Doyle si il pouvait écrire des aventures pour son héros favori, à savoir Sherlock Holmes. Mais ne recevant aucune réponse du maître, il décida de créer ses propres personnages, ainsi naquît le détective Solar Pons et son inséparable ami le Dr Parker. Il écrivit aussi quelque roman historique sur le Wisconsin et utilisa quelquefois les pseudonymes de Stephen Grendon, Tally Mason ou de Michael West. Il décéda le 4 Juillet 1971.

     


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  • Isaac Asimov

    Nationalité : américaine
    Naissance : 02 Janvier 1920
    Mort le : 06 Avril 1992
    Métier : écrivain

    Isaac Asimov passe sa jeunesse à travailler dans le magasin familial tout en faisant des études. Celles-ci sont assez brillantes pour lui permettre d'entrer, avec une bourse, à l'université de Columbia. Il passe d'abord son baccalauréat de sciences (1939) avant de faire une maîtrise en chimie (1941) et finalement un doctorat en biochimie (1948).

    Parallèlement, il commence à écrire de la science-fiction et voit sa première nouvelle publiée en 1939. Dès lors, il est régulièrement publié (quinze nouvelles jusqu'en 1941). À l'époque de la Seconde Guerre mondiale, Asimov est déjà considéré comme un auteur de science-fiction majeur.

    Son licenciement, en 1958, fait prendre un tournant à sa carrière puisqu'à partir de là il se consacre pleinement à l'écriture. Il meurt le 6 avril 1992, des suites d'une infection au VIH contractée lors d'une transfusion sanguine. Il laisse derrière lui des centaines de livres (dont 116 anthologies qu'il a organisées et préfacées) regroupant de la science-fiction, des ouvrages de vulgarisation scientifique, des policiers, des romans pour la jeunesse et même des titres plus étonnants comme La Bible expliquée par Asimov ou Le Guide de Shakespeare d'Asimov.

    Bibliographie de l'auteur :

    La psychohistoire est une science imaginée par Isaac Asimov, sorte de thermodynamique de l'humanité, dont l'objet est l'étude statistique des comportements de grands groupes d'êtres humains (de plusieurs milliards d'individus), dans le but de prévoir son évolution future. Le fondement de la psychohistoire repose sur la théorie de la physique quantique et statistique : le comportement de chaque particule est imprévisible (statistique), mais cependant le comportement de l'ensemble (milliards de particules) répond aux lois de la physique et est parfaitement prévisible.



    Afin d'éviter les paradoxes d'autoréférence, la psychohistoire est censée ne fonctionner que sur des populations qui ne sont pas (trop) informées, dans le détail, de ses conclusions. C'est pourquoi dès le départ la Fondation est coupée en deux : la partie visible qui ne s'occupe que de sciences exactes et historiques, et la Seconde Fondation, « à l'autre bout de la galaxie », qui veille dans l'ombre à la bonne application du Plan Seldon malgré les multiples aléas de l'histoire réelle. En fait, cette science avait été d'abord imaginée par un robot nommé R. Giskard Reventlov qui apparaît dans la série Robots. Étant donné qu'il avait été modifié, il pouvait voir et influencer les sentiments et décisions des humains ; il était "télépathe". Cette qualité lui permit de pressentir l'existence de la psychohistoire. Plus tard, R. Giskard Reventlov transmit cette idée au robot R. Daneel Olivaw. Bien des années après, Hari Seldon découvre lui aussi cette nouvelle science et c'est sous l'impulsion discrète de R. Daneel Olivaw qu'il la rendra enfin applicable. Les personnages de R. Daneel Olivaw et de R. Giskard Reventlov font le lien entre le cycle de Fondation et celui des robots.

    Bien que capable de prédire la réaction de masses humaines à certains évènements, la psychohistoire ne fonctionne que pour un très grand nombre d'individus et est incapable de prévoir la réaction d'un individu isolé face à un stimulus donné. Elle reconnaît par contre l'influence d'actes de petite envergure sur l'ensemble de la population qu'elle considère. On peut en cela l'apparenter à la - tout-à-fait scientifique - théorie du chaos.

    Pour en savoir plus sur son immense bibliographie, un lien très bien documenté :
    http://pagesperso-orange.fr/monot.jc/


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  • A. Van Vogt

    Alfred Elton Van Vogt est né le 26 avril 1912 à Neville dans les environs de Winnipeg au Canada. Plusieurs circonstances font de lui un enfant solitaire. Il aura en premier lieu du mal à s'entendre avec ses camarades d'école. Lui ne parlant qu'un dialecte familial mêlé d'anglais et de néerlandais. Alfred verra aussi ses principes bafoués lorsque à l'âge de huit ans, il se fait tabasser par un garçon qui ennuyait son petit frère. De cette expérience il va en ressortir psychologiquement très marquée. En effet à partir de cet instant, il décide de se réfugier dans la lecture pour ne plus en sortir.

    Profitant d'un déménagement pour la ville de Winnipeg, il s'inscrit aux cours du Palmer Institute of Authorship. Ici commence sa carrière d'écrivain. Il vendra assez rapidement des petites nouvelles primées lors de concours organisé par le magazine True Story.
    Recruté par celui ci, il y travaillera jusqu'au milieu des années 30, date à laquelle il se rend compte qu'il n'est pas fait pour écrire des livres à l'eau de roses tel que les recherches son employeur.

    Il se met ainsi à écrire tout sorte de choses qui peuvent lui rapporter de l'argent. Ainsi il rédige des pièces radiophoniques, ou encore devient journaliste pour des magazines tel que Canadian Grocer, Hardware and  Metal... Jusqu'en 1938. Cette année là, Van Vogt découvre Astounding : recueil de nouvelle de science-fiction. C'est la révélation. " J'ai été frappé qu'il y ait des histoires si fortes " relatera-il plus tard.
    Il commence ainsi à publier des nouvelles dans le même Astounding jusqu'en 1939, date de l'entrée en guerre du Canada. Il se voit donc forcé d'intégrer un poste au ministère de la défense à Ottawa, ou sa nouvelle femme Edna Mayne Hull l'accompagne.

    En même temps que son travail, Alfred Van Vogt va écrire un roman publié en épisode qui va marquer la SF : " A la poursuite des Slans ". Cette réussite va lui faire comprendre qu'il doit consacrer 100% de son temps à l'écriture. Ainsi en 1942, il quitte son poste administratif et déménage à Toronto.

    En 1944 le couple Van Vogt déménage nouveau pour se rendre en Californie. Là-bas il découvre la théorie de la Sémantique Générale de Korsybski. De cette influence va découler une des plus grande œuvre de Science-fiction : The World of Null A (le monde des non A). Une histoire entre immortalité, destin et manipulation, le tous dirigé par une force extérieure à l'humanité.
    Mais ce roman est l'arbre qui cache la forêt. Van Vogt a de plus en plus problème avec son écriture, il est atteint de cécité. S'occupant à guérir son mal pendant presque une année, aucune production ne sortira de sa machine à écrire.



    Jusqu'à l'œuvre A l'assaut de l'invisible dans lequel un homme perd la vue ! ! Suivi par un autre classique The players of null A. Malgré ces 2 réussites, Van Vogt reconnaît avoir de plus en plus de mal à surmonter un nouveau blocage. Après 10 ans en haut de la liste, il craint être passé de mode.
    Ainsi il en arrive à s'intéresser à de nouveau sujet avec une attirance pour la psychologie. Attirance qui va lui valoir d'être nommé à la tête de la Fondation californienne de la dianétique en 1950. Mais très vite les instituts de dianétiques aux USA font faillites. Voulant se remettre à écrire, sa femme l'en dissuade en lui faisant remarquer que depuis qu'elle utilise sur elle la dianétique, sa santé habituellement faible s'est amélioré. Ainsi de fil en aiguille, Edna et Alfred vont donner des consultations de manières professionnelles pendant 12 ans. C'est en 1963, à l'instigation de Frederik Pohl, que Van Vogt se remet à écrire de la SF. Période de rodage jusqu'en 1969, ou il réussi à écrire 6 romans de front.
    Jusqu'à la fin des années 80 il continue ainsi de publier régulièrement des œuvres. Touché par la maladie d'Alzheimer, il décède le 26 janvier 2000.

    Van Vogt aura dans sa vie révolutionné le monde de la Science fiction, il n'est certes pas aussi connu qu'AC Clarke ou Robert Heinlein, mais le puriste lui sait que derrière les plus belles fleurs du jardin, siège un chêne ; plus dur à regarder certes, mais lorsque l'on prend la peine de l'approcher, les fleurs à ses pieds semblent bien petites et inintéressantes.

    Bibliographie de l'auteur : http://empiresf.free.fr/?page=1042


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