• Un autre scénario pour atteindre MARS


    Il existe une alternative intelligente à l'affreux projet de Bush, et nous la devons à Robert Zubrin, un ingénieur travaillant dans le domaine du spatial. Celui ci a affirmé en 1991 qu'il était possible d'envoyer des hommes sur Mars pour un coût oscillant entre 30 et 50 milliards de dollars (la moitié du budget d'Apollo), soit 8 fois moins que les premières estimations de la NASA. Nommé Mars Direct, cette mission est présentée avec beaucoup de talent dans l'ouvrage de Zubrin, The Case Of Mars. Comme nous allons le voir, Zubrin est un homme qui a plus d'une bonne idée dans son sac.

    Dans le scénario classique, la lune constituait une étape intermédiaire pour le voyage vers Mars. Elle permettait de repartir avec des vaisseaux beaucoup plus gros qui n'avaient pas à s'affranchir de la gravité terrestre. Mais l'utilisation de la Lune comme avant poste avait un coût : 100 milliards de dollars ! Il faut donc abandonner l'étape lunaire. Abandonné lui aussi, l'assemblage des vaisseaux en orbite terrestre. Le problème de l'utilité de la Station Spatiale Internationale dans les voyages vers Mars se pose alors. On comprend que certaines personnes ayant des intérêts assez forts dans la Station Spatiale ne soient pas enchantées de la voir disparaître ainsi des plans de missions habitées vers Mars.

    Le coût de la mission est encore abaissé par une standardisation maximale. Le même type de module est utilisé pour le trajet entre la Terre et Mars et comme espace habitable une fois sur place. Un même lanceur doit acheminer le fret et les hommes.

    Il est en effet inutile de gaspiller de l'argent dans la mise en œuvre de technologies différentes au sein d'un même projet. Rappelons que dans le programme SEI, les vaisseaux spatiaux utilisés à destination de la Lune et de Mars étaient différents, tout comme les technologies de propulsion ou les différents véhicules d'excursion.

    Enfin, une mission martienne qui n'a aucun autre but que d'enfoncer un drapeau dans le sol ne sert à rien. Dans le programme SEI, le voyage vers Mars durait environ 1,5 ans (600 jours) alors que le séjour à la surface de la planète rouge se comptait en jours (30 au total). Un explorateur ne passait donc que 5 % de la durée totale de la mission sur Mars. Imaginons maintenant qu'au moment de l'atterrissage, les conditions météorologiques soient défavorables. Il faut alors se rendre à l'évidence : l'atterrissage n'est pas possible. Et comme la durée accordée à l'exploration de Mars est minime, il est bien possible que l'équipage soit obligé de repartir sans avoir touché une seule fois le sol martien ! Mars Direct dure environ 900 jours, plus précisément 360 pour le voyage aller-retour et 550 sur Mars. L'homme passe donc une année et demie sur Mars ! Un séjour qui promet de nombreuses découvertes et qui rentabilise complètement les sommes investies dans un tel projet.

    La mission du programme SEI et Mars Direct sont également différentes sur un point : la configuration des planètes dans le profil de la mission. La mission SEI profitait d'une configuration d'opposition, et la mission était donc plus courte que celle de Mars Direct (qui profite d'une situation de conjonction). Une durée de séjour moins importante dans l'espace semble diminuer les risques encourus par l'équipage (rayons cosmiques, éruption solaire). Mais ce que l'on oublie couramment, c'est qu'un lancement en opposition oblige le vaisseau à se rapprocher du Soleil et à effectuer un petit détour par le système solaire interne (un survol de vénus est même prévu pour profiter de son assistance gravitationnelle). C'est le genre de détour qui n'est pas vraiment sans risque pour l'équipage ! Pour plaisanter, les navigateurs surnomment d'ailleurs le survol de Vénus "fryby" à la place de "flyby", indiquant ainsi que les membres d'équipage risquent bien de sortir rôti de leur petite croisière vénusienne. De plus, comme l'équipage d'une mission type SEI passe presque tout son temps dans l'espace, les risques sont en fait plus grand, contrairement aux apparences. Mars Direct dure peut être plus longtemps (300 jours de plus en moyenne), mais l'équipage reste quand même une année et demie sur Mars !

    Un des principaux points forts du scénario de Zubrin est basé sur la fabrication in-situ d'eau, d'air et de carburant à partir des ressources martiennes (sol, atmosphère). L'autonomie de la base martienne serait totale, puisque l'équipage fabriquerait également sa propre nourriture (dans des serres par exemple).

    Enfin, Zubrin propose à la fin de son ouvrage que la mission Mars Direct soit réalisée non pas par une organisation gouvernementale comme la NASA, mais par des industries privées. Et ce pour réduire les dépenses et les gaspillages inévitables lors de la mise en œuvre de pratiques gouvernementales. Les Etats-Unis offriraient un super prix de 20 milliards de dollars à l'organisme privé qui réussirait l'atterrissage sur Mars d'un équipage en le ramenant vivant après la mission. Des prix supplémentaires sont offerts pour le franchissement d'étapes clés (atterrissage d'un ERV, fabrication d'une certaine quantité de carburant à la surface de Mars, etc). Un organisme privé, avec une gestion très stricte des coûts et du temps, pourrait réaliser une partie du projet (ou tenter le super prix) en empochant un bénéfice non négligeable. En conclusion, Mars Direct ne coûte pas cher, utilise des technologies actuelles et n'est pas dépendante de technologies qui restent du domaine de l'imaginaire. C'est un scénario qui permettrait de gagner 20 ans dans l'histoire de l'exploration de la planète Mars !


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