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Le réveil
J'ai mal au crâne.
Je n'ose pas bouger.
Ma respiration est calme, reposée.
Mes sens s'éveillent d'un long sommeil.
Je me sens faible.
Une fenêtre doit être ouverte.
Un léger souffle caresse ma peau.
J'entends des oiseaux qui chantent dehors.
Je suis chez moi !
J'ouvre les yeux. La lumière faible du matin se déverse dans la pièce que j'occupe. Je suis obligé d'admettre que je ne suis pas chez moi. Je jette un œil sur l'ouverture qui donne vers l'extérieur et entame l'état des lieux. Je découvre une chambre d'une grande sobriété mêlée de simplicité. Des murs blancs, une table sur laquelle repose un bouquet de fleurs ainsi qu'une coupe remplie de fruits, deux chaises et une petite armoire discrète dans un coin de mur. Un rideau de tissu coloré barre le seuil de ce petit univers.
Où suis-je ?
Le lève mes deux mains. Elles sont lourdes et engourdies. Je les observe un instant puis je touche mon visage. Les images me reviennent d'abord par bribes incompréhensibles, puis la cohérence refait surface peu à peu. Je revois les pannes multiples du système de navigation, la chasse des deux vaisseaux Xerks, les impacts sur les gouvernes de direction, ma blessure au visage, ISO qui ne contrôle plus la situation. Tout ressurgit de ma mémoire dans une funeste chronologie. Je revis les dernières secondes avant le crash.
- « ISO, ISO ... Non ! »
Je réalise ce que j'ai vécu et mesure la chance d'avoir survécu à un tel accident. Je me retrouve assis dans ce couchage quand pénètre dans la pièce un homme qui se met, en me voyant, à hurler à répétition une phrase totalement incompréhensible. A cet instant, je me rends compte que je n'ai pas mon casque de traduction instantanée. C'est maintenant une femme suivie du même homme qui pénètrent en piaillant dans cette pièce. Ce couple avance vers moi, se sépare et chacun rejoint un des côtés de mon lit. Ils m'observent de plus prêt. A ma droite, l'homme me lance une phrase qui contient de douces intonations. Je ne comprends toujours pas les propos de cet homme. Je lui souris et me permets de le formuler à haute voix. Tous deux rirent en haussant les épaules et la femme me tendit mon casque qui reposait sur une tablette à la tête de mon couchage.
- « Sans votre translateur, vous ne pouviez pas nous comprendre » dit-elle avant de m'interroger
- « Comment vous sentez-vous ? »
- « Qui êtes-vous ? » dis-je, la gorge serrée d'émotion.
- « Et vous, qui êtes-vous ? »
Sa voix est moqueuse, sa réponse me surprend, son regard est perçant.
- « Capitaine Fox, pilote backfighter d'un vaisseau de type ENB 12. En mission contre les forces Xerks. Mon appareil a été touché pendant cette attaque massive et j'ai fini ma folle course sur le sol de votre planète. Comment va ISO ? »
- « Contre les Xerks, les forces de l'Anneau sont enfin déployées !! Avez-vous gagné cette bataille ? »
- « Je ne peux pas vous l'affirmer puisque j'ai quitté le théâtre de cette mission stratégique dans les premiers moments de notre assaut furtif. Je pense que l'effet de surprise et la présence d'un croiseur d'Antarès, l'Intrépide Varg a joué en notre faveur. Les pertes que subissait l'ennemi étaient déjà lourdes alors que j'étais mis hors de course. Comment va ISO ? »
L'homme me dévisage longuement. Il me fixe de ses petits yeux gris puis casse ce court instant de silence de sa voix grave :
- « Dans quel secteur se situait ces opérations de combat menées par l'alliance de l'anneau ? »
- « Le secteur nord de Myskan, où stationne la plus grande concentration de Xerks de la galaxie. Cette attaque était prévue depuis de longs cycles, nous y avons engagé une partie de notre flotte et ce croiseur de classe premium. Mon vaisseau est-il récupérable, et ISO, comment va ISO ? »
- « Vous a-t-on suivi, avez-vous pu avertir votre escouade ? »
- « J'avais la quasi totalité de mes instruments hors services et les moyens de communication dont je disposais ne m'ont pas permis d'alerter les miens. Je suppose donc que je suis bel et bien la seule personne à savoir que je suis actuellement ici chez vous ! Et mon ENB 12, le vaisseau est-il détruit ? L'IntelArt ISO qui l'habite est dans quel état ? »
- « L'IntelArt a été désactivé pour procéder à la réparation de votre modèle d'engin. Nous finissons actuellement l'assemblage des pièces maîtresses et apportons quelques modifications majeures sur la propulsion, la furtivité et les systèmes de défense. ISO, comme vous l'avez déjà nommée, sera également rectifiée pour asservir les parties et fonctions ajoutées à votre appareil. Comment vous sentez-vous ? Vous avez beaucoup dormi, vous avez passé deux cycles complets dans une totale inconscience, dont un entier sous caisson hyper-restructurant. Vous êtes dans cette chambre depuis deux jours.»
La femme tend son avant-bras. Avec un large sourire, un clignement d'œil sournois et un mouvement de tête qui laisse tomber sur son visage une mèche rebelle brune, elle m'invite au mouvement.
- « Prenez mon bras et mettez-vous sur vos jambes ! »
Je suis debout et ose les premiers pas avec l'aide de cette femme. Mais au fait, quel est son nom ?
- « A qui ai-je l'honneur ? »
- « Leïann de Volem ! Quand à cette personne, il s'agit de l'éminent Professeur Joselm de Koriel. C'est lui qui a pris soin de vous, moi je n'ai fait qu'apporter un soutien. »
- « Je vous dois la vie, je... je suis très ému de faire votre connaissance ! »
- « Notre surveillance aérienne vous a détecté bien avant votre brutale arrivée. Nous attendions votre venue, je dois admettre, peut-être pas avec ce funeste panache !!! »
Je stoppais ma marche, tournais mon visage vers celui de Leïann, je l'observais un instant, ne comprenant pas vraiment la nature de ses propos.
- « Je dois avouer que mon arrivée sur Jkinn est comment dire, plutôt catastrophique. Si vous attendiez une armada de héros, je constate que j'ai raté mon entrée ! »
- « Nous vous attendons depuis si longtemps, ici nous avons connu la foudre des Xerks. Ils sont venus, ils se sont emparés de Jkinn dans une nuit étoilée. Ils n'aura fallu qu'une petite poignée d'heures pour que la planète entière tombe aux mains de ses violentes créatures. Le reste n'a duré qu'une saison durant laquelle l'envahisseur n'a fait qu'exploiter toutes nos ressources, nous réduisant à l'esclavage total. Puis ils sont reparti comme ils étaient arrivés, laissant notre planète ravagée et laissée en pâture aux pleurs des survivants de ce désastreux passage. Un tiers de la population a survécu à ce génocide. Depuis, nous nous sommes relevés de cette tragédie et avons bâti des villes beaucoup plus difficile à envahir. Nos échanges avec nos voisins reprirent et l'accent fût mis sur l'acquisition de moyens lourds de défense. Aujourd'hui nous avons la certitude que quelque chose est en mouvance, l'alliance l'anneau réagit, la galaxie se réveille enfin. »
- « Nous travaillons tous ensemble pour pousser ces créatures à l'abdication totale puis à respecter les règles du conseil galactique de l'alliance, pour que plus jamais n'advienne ce que vous avez vécu. L'anneau recrute même dans le passé, je fais partie de ces gens-là ! »
- Vous êtes un backfighter ! »
- « Oui ! »
- « De quel siècle ? »
- « Vingt et unième, pourquoi cette question ? »
- « Je suis historienne et je suis spécialisée dans la période qui précède l'expansion dans notre galaxie et il se trouve que je connais assez bien votre siècle. Il ne faudra qu'une poignée d'années terrestre, cinquante tout au plus pour que vous fassiez une découverte majeure dans le domaine de la propulsion par impulsions. Il faudra plus de temps aux paléo-expansionnistes pour découvrir la stase et ses effets pour bénéficier pleinement des sauts collapsars. Le grandes vagues de colonies sont arrivées bien plus tardivement, d'abord avec de faibles contingents puis avec des départs massifs vers des contrées habitables ou en phase terminale de terraformation. Une nouvelle ère naquit et tout le monde oublia peu à peu la souveraineté de votre chère Terre. Le conseil des 12 planètes formèrent le premier axe qui devint bien plus tard le noyau dur de l'alliance. »
Elle comprit soudain que le capitaine Fox n'arrivait pas à saisir le contenu de son long monologue.
Mes yeux fixaient le mur blanc et semblaient chercher un sens aux phrases prononcées par Leïann. J'étais perdu par tout cet historique éclair, je cherchais à mettre de la cohérence dans ses propos. J'ai ralenti ma marche pour finir immobile.
- « Je continuerai plus tard, cela fait peut-être beaucoup pour vous capitaine. Avez-vous reçu un enseignement au sujet de notre histoire ? »
- « Je dirai ... un condensé avec un accent tout particulier sur les dix dernières décades. »
- « Je dois avouer que cela me semble un peu réducteur, nous aurons l'occasion d'y revenir plus tard, si vous le désirez. »
- « Leïann, ma chère Leïann » reprit Joselm « Cessez d'importuner notre hôte, laissons le capitaine Fox prendre du repos, nous avons bien du temps devant nous pour parfaire son savoir. »
Avec l'aide de mon accompagnatrice, j'ai entamé un demi-tour et revint m'allonger sur le lit. En route vers la sortie, Joselm me salua sans se retourner avant de disparaître sous le rideau qui barre l'entrée de ma chambre. J'ai ôté mon translateur avant de me caler sur le matelas. J'observe Leïann qui me parle doucement mais ne comprends plus ses propos. Ses mots coulent en nappes fruitées comme un ruisseau coloré. Le ton de sa voix est très agréable. Ses yeux verts rayonnent au milieu de son visage fin. Elle me sourit avant de suivre, d'un pas léger, le chemin qu'avait emprunté Joselm.
Tags : iso, leiann, bien, deux, vers
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Commentaires
1SandystormMardi 11 Novembre 2008 à 19:58bon et comment va ISO alors
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