• Tartan céleste

    Bien curieuse traces d'avions dans le ciel de mon jardin...

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  • Le voyage de l'Exodus prit un temps incroyablement long pour ses occupants. En apparence uniquement, car le jeu incroyable du Temps relatif et du Temps absolu jouait des tours aux nouveaux colons, les premiers de notre nouvelle colonie d'Ori 1 Bellatrix  nécessaire à notre croissance dite inévitable

    Commandor Takahashi observe, sans mot, l'inimaginable couloir qu'emprunte le croiseur au cœur du saut collapsar.

    La couleur bleutée de ce long vortex en dehors de l'espace et du temps en est la signature directe. Des teintes plus pâles sonnent l'arrivée du vaisseau vers sa sortie imminente.

    Il ne reste que quelques instants et le Commandor Takahashi retient son souffle dans une apnée annonciatrice d'une angoisse étouffée. Son visage est perlée de gouttes de sueur.
    Les officiers de bord, sur la passerelle, sont concentrés dans leurs tâches techniques.

    C'est dans le bruit assourdissant des propulseurs que l'Exodus refait surface, crevant une seconde fois la structure collapsar. L'orbite n'est pas la bonne, elle est beaucoup trop basse... On ne peut même plus parler d'orbite à ce stade, le croiseur ayant déjà pénétré dans la haute atmosphère de la planète.

    L'assiette du croiseur est loin d'être nominale...

     Les  tuyères décélératrices rugissent, des flammes lèchent le flanc droit du vaisseau qui continue inexorablement sa descente trop rapide vers Ori 1 Bellatrix.

    Deux grosses explosions agitent le poste de commandement, les propulseurs sont hors d'usage. Une troisième explosion, beaucoup plus violente, atteint maintenant le cœur de l'Exodus.

    Les stabilisateurs se fragmentent en une myriade de boules incandescentes qui irisent ce qu'il reste du vaisseau et le suivent dans ce cortège funèbre, annonciateur d'une fin irréversible et proche.

    Takahashi, la face contre son pupitre de contrôle se redresse, pâle comme un linceul, sa main droite est collée à son front, un filé de sang coule sur sa tempe et continue sur sa joue :

    - " Déployez le retro-freinage ultrasonique ! Activez les balises de secours, lancez l'appel de détresse vers Terra !"

    - " Commandor, un bloc entier de la structure des secteurs Energétiques et Cryogéniques viennent de se séparer du vaisseau. Les pertes ne se comptent plus, c'est un véritable carnage Major, un carnage horrible. Les technorobots ne peuvent plus étanchéifier le cœur de l'Exodus. La pression des radiations est trop forte et nous sommes actuellement sous le rayonnement intensément nocif  du cœur de l'appareil."

    Sur la passerelle de commandement les sirènes hurlent un danger permanent, une épaisse fumée commence à s'épandre faisant hoqueter les officiers du pont.

    Seul, le Commandor Takahashi semble toujours retenir son souffle. Un peur immense l'envahit, il ne le peut pourtant pas, lui, le Commandor du premier vaisseau à avoir franchi une aussi longue distance d'espace.

    Le retro-freinage fonctionne encore et le vaisseau tangente maintenant la surface de Ori 1 Bellatrix .

    Un halo de couleur verte enveloppe l'Exodus.

    Les balises sont heureusement actives. Le croiseur ralentit sa chute sous l'effet des ultrasons, il n'est plus très loin de la surface de cette planète d'accueil.

    Un accueil pour y laisser sa vie songea le Commandor Takahashi.

    Cette belle planète qu'il découvre dans la fulgurante arrivée d'un croiseur Exodus en perdition.

    La lourde carcasse du croiseur vient de rentrer en contact avec la canopée  dense d'une forêt luxuriante de Ori 1 Bellatrix.

    La structure de l'appareil vient de percuter le sol et continue, dans un vacarme assourdissant sa rapide décélération sous l'effet salutaire des balises de secours. Le bruit finit par devenir de plus en plus sourd et grave, signe d'un ralentissement du vaisseau. Puis vint l'arrêt.

    Les officiers du pont ne contiennent plus leur joie.

    Takahashi reste immobile, ses deux mains tiennent sa tête, ses yeux hagards regardent le sol de la passerelle maculé de son propre sang.

    - « Nous sommes vivants ! » dit-il timidement, puis reprend :

    - « Officiers, faites état de la situation à bord et allez porter secours aux rescapés. »

    - « Major, nous devons impérativement évacuer le croiseur de toutes les âmes vivantes, nous subissons actuellement une pression de radiations conséquente du cœur de l'Exodus. »
     
    Il est pourtant déjà trop tard, le rayonnement que les survivants ont subi est irréversiblement mutagène.
    __________________________________

    Cette belle Ori 1 Bellatrix,  planète en apparence idyllique, ressemble à l'enfer. 

    Ici naquirent  des  monstres.  

    Ceux  qui  y  vivent ne sont plus que des caricatures d'êtres  humains; monstrueuses  créations, ils traînent leurs existences misérables, endurant leurs mutations  physiques  grotesques  et  répugnantes, ou mourant dans les souffrances de cancers foudroyants.

    Pendant  plusieurs  siècles, cet enfer produisit des individus aux étranges  talents,  mais  on  attendait  toujours  ceux qui pourraient lutter,  ceux  dont  les  capacités  mentales  seraient  telles qu'ils pourraient gagner face à l'ennemi Terra. 

    Cet ennemi qui n'est jamais venu porter aucune aide depuis le légendaire naufrage de l'Exodus, aucun message, rien. Cet ennemi qui n'a jamais recherché le contact avec la nouvelle Ori 1 Bellatrix. La vengeance est inévitable face à l'abandon de Terra.

    L'apparence  des mutants aurait provoqué un sentiment  de pitié infinie chez n'importe quel être humain ordinaire, mais  leurs esprits étaient des étoiles ; ils pensaient et analysaient avec  une  facilité, une rigueur et une puissance qui dépassaient tout ce  que  pouvaient  faire leurs lointains ancêtres. On leur apprit la stratégie spatiale, et ils devinrent les nouveaux stratèges.

    Alors pour la première fois naquit un espoir, un noir destin, celui de dominer Terra et enfin utiliser la Stase dont les secrets étaient protégés au sein même de la grande cité de ReN. Le dessein de ces êtres est de dominer Terra, les colonies de Betelgeuse et Rigel et s'emparer de ce qu'ils n'ont pas, par tous les moyens : la Stase, cette très étrange énergie protectrice dont ils ne connaissaient pas les secrets.

    L'Exodus, par son naufrage, a crée des mutants, une autre espèce dont l'humain n'est que le lointain parent, aujourd'hui devenu parasite à leurs yeux.  



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  • La mort d'une étoile

    La mort des étoiles

     Les phases finales de l'évolution d'une étoile dépendent principalement de sa masse. Plus une étoile est massive, plus sa température centrale est grande sous l'effet de la pression qui doit s'opposer à l'effondrement gravitationnel.
         Lorsqu'une étoile a brûlé entre 10 et 20 % de son hydrogène, le cœur de celle-ci se retrouve à court de carburant. C'est à ce moment-là que l'étoile entre dans la fin de sa vie.

    Le stade géante rouge

       A ce moment-là, le cœur de l'étoile ne contient plus que de l'hélium, trop stable pour fusionner. La gravité reprend donc le dessus et l'étoile commence à se contracter permettant ainsi à l'hydrogène de brûler plus vite et par conséquent de produire plus d'énergie. L'étoile doit évacuer cette énergie, elle n'a alors d'autre choix que de se dilater pour augmenter sa surface. L'étoile ayant énormément gonflée, sa température baisse: sa couleur va donc tendre vers le rouge (voir diagramme de Hertzprung-Russel). L'étoile est devenue une géante rouge. L'évolution suivante va dépendre de la masse de l'étoile.

    La mort des étoiles peu massives

     Pour les étoiles dont la masse est inférieure à 1,4 fois celle du Soleil, le processus s'arrête lorsque tout l'hélium est épuisé et que la température n'est pas suffisante pour amorcer la fusion du carbone. La matière issue des couches externes de l'étoile est expulsée dans l'espace. Les restes éparpillés de cette enveloppe forment ce que l'on appelle une nébuleuse planétaire. Celle-ci va se disperser dans le milieu interstellaire en quelques centaines de milliers d'années. Le cœur de l'étoile, lui, va s'effondrer à nouveau sous l'effet de la gravité jusqu'à ce que la densité soit si élevée qu'elle va obliger les électrons à quitter leurs orbites autour des noyaux. Cependant la compression due à la gravité se trouve compensée par une pression dite de dégénérescence.



         A ce stade, l'étoile est devenue une naine blanche dont la température varie entre 5000 et 100 000 K. Cette naine blanche est à peu près de la taille de la Terre avec une masse pratiquement égale à sa masse initiale. La densité y est donc très élevée: un verre d'eau rempli de matière pèse plus de 50 tonnes. Les naines blanches sont des étoiles en rotation rapide, car elles gardent la rotation de l'étoile initiale tout en étant beaucoup plus petite. Elles ne peuvent que rayonner leur chaleur résiduelle en se refroidissant cependant. Une fois leur température assez basse, elles deviennent des astres morts, des naines noires.

    La mort des étoiles massives

      Les étoiles massives (dont la masse est supérieure à 1,4 fois celle du Soleil) ont des températures centrales beaucoup plus élevées. Elles s'éteignent donc rapidement, après trois ou quatre millions d'années. L'hydrogène (transformé en hélium par les réactions thermonucléaires) s'étant complètement épuisé au centre de l'étoile, celle-ci se contracte à nouveau sous l'effet de la gravité et la température s'élève encore. Autour du milliard de degré, ce sont les noyaux de carbone qui fusionnent. Des réactions complexes conduisent à la formation d'éléments nouveaux: le néon (Ne), le sodium (Na), le magnésium (Mg), l'aluminium (Al), le silicium (Si), le phosphore (P) et le soufre (S).. Après la phase de fusion du carbone viennent celles du néon, de l'oxygène puis du silicium, lorsque la température monte à 2 à 5 milliards de degrés.

    En quelques milliers d'années, l'étoile engendre les noyaux de masse intermédiaire, du silicium jusqu'aux métaux: fer, nickel, cuivre, zinc... Puis des noyaux encore plus lourd apparaissent jusqu'à l'uranium.



    Le drame se prépare quand le cœur de l'étoile approche les 5 milliards de degrés. A ce stade, l'étoile va se contracter rapidement, puis s'effondrer ce qui provoque une formidable explosion, brillante comme plusieurs centaines de millions de soleils. C'est une supernova. Les produits des phases de fusion vont être expulsés dans l'espace, puis se refroidir, formant un nuage appelé rémanent de supernova. Mais contrairement à la nébuleuse qui a donné naissance à l'étoile, cette fois, la nébuleuse contient des éléments lourds. L'étoile aura donc permis de produire des éléments plus complexes.

    Au moment de l'explosion, l'étoile n'est pas entièrement dispersée dans l'espace . Sa partie centrale se replie sur elle-même. Sa densité augmente énormément . Elle se mesure en centaines de millions de tonnes par centimètres cube. C'est l'équivalent de la masse d'un grand pétrolier concentrée sur une tête d'épingle ! Le cœur de l'étoile devient un seul et gigantesque noyau de neutrons, il en résulte une étoile à neutrons ou pulsar car ces astres émettent de la lumière à la manière d'un phare: ils s'allument et s'éteignent plusieurs fois par secondes. Ce phénomène vient du fait que seul leurs pôles magnétiques émettent de la lumière, et que les pulsars tournent très rapidement autour de leurs pôles. On voit donc passer la partie lumineuse plusieurs fois par seconde.

    Il semblerait, dans certains cas, que certains résidus de supernova puissent être encore plus denses qu'une étoile à neutrons. Tellement denses, que la gravité empêcherait la lumière de s'en échapper. Un tel astre est appelé trou noir. Cependant, puisque même les radiations électromagnétiques ne peuvent s'en extraire, on ne peut les observer directement. On n'a donc pas la preuve de leur existence, même si certains phénomènes observés suggèrent la présence d'un trou noir.


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  • les étoiles : Le soleil
     On peut dire que la vie d'une étoile débute lorsque les embryons stellaires sont visibles à travers les débris de son nuage où commençait sa formation. Leur aspect et leur état intérieur dépendent de leur masse. C'est alors que commencent pour les étoiles à grande masse, celles de vingt ou trente fois celle du Soleil, les réactions thermonucléaires (fusion du noyau d'hydrogène).

    Les étoiles qui n'auront pas une température 10 000 000 °C dans leurs zones centrales vont continuer de se contracter et de se réchauffer pour atteindre ces températures. Ces millions de degrés sont nécessaires afin d'amorcer la combustion de l'hydrogène. Cette étape est liée au fait que la seule source d'énergie de l'étoile est gravitationnelle.

         Lorsque s'amorce la combustion de l'hydrogène, chaque étoile possède une luminosité à peu près proportionnelle au cube de sa masse. Le temps que dure cette combustion dans le noyau représente la phase la plus longue de sa vie. Dans le Soleil qui s'y trouve actuellement, elle durera au total quelque cinq milliards d'années ! Durant cette phase, il nous semble qu'il n'y ait plus aucune évolution chez l'étoile.

    Nous allons donc maintenant étudier dans le détail une étoile qui est dans cette phase: Notre étoile, le Soleil.

    Notre vie sur Terre dépend totalement de celle du Soleil (voir mon article poussières des étoiles). L'équilibre de chaque planète est étroitement lié à celui de notre étoile.

    Considéré en général comme un astre stable, notre Soleil n'en est pas pour autant endormi et inactif. Les éruptions passagères, protubérance, évolution générale à long terme, sont tous des facteurs qui peuvent modifier radicalement les conditions qui règnent dans notre environnement terrestre.

    Connaître le Soleil n'est donc pas seulement une curiosité d'astronome. C'est indispensable pour comprendre l'histoire et envisager l'avenir à long terme de notre planète.

    Le soleil a une masse égale à 2.1030 kg, soit 2 milliards de milliards de tonnes ou plus de 330.000 fois la masse de la terre. Son rayon est d'environ 700.000 km. Si l'on divise son volume par sa masse, on obtient une densité moyenne de 1400 kg.m -3, soit environ 4 fois celle de la terre.

    Mais de quoi est fait le soleil ? S'agit-il toujours d'un gaz ? Car sur terre, si on ouvre une boite renfermant du gaz, ce gaz va petit à petit remplir tout l'espace mis à sa disposition, pourquoi le gaz constituant la surface du soleil n'en fait il pas autant ? Pourquoi reste-t-il "enfermé" dans une sphère au contour bien défini ? La réponse se trouve du coté de la force qui nous maintient les pieds sur terre, La gravitation.  Le gaz du soleil est attiré par la masse du soleil comme nous sommes attirés par la masse de la terre.

    Cependant s'il n'y avait qu'une force d'attraction, nous devrions voir le soleil diminuer de rayon, ce qui n'est pas le cas. Pour éviter cette effondrement il est donc déductible qu'une autre force entre en action. Cette autre force est due aux chocs que les particules de gaz subissent continuellement. Ces chocs exercent une pression, une pression qui deviendra d'autant plus grande que l'on pénétrera à l'intérieur du soleil.
    Avec plusieurs données et de la déduction il est possible d'en déduire les conditions au centre du soleil : 16 milliards de degrés et une densité de 150 g.cm -3. Ce résultat est obtenu en faisant l'hypothèse que le soleil est composé de gaz du centre jusqu'à la périphérie.
    Une densité de 150 g.cm-3 c'est énorme, c'est 18 fois la densité d'une plaque de fer sur terre ! Alors toujours un gaz ? la réponse est oui car la très haute température permet le maintient a l'état gazeux. Cette densité et température élevées permettent l'activation de réactions nucléaires.

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  • Un air brûlant.
    Sec et exempt de toute poussière.
    Un soleil de plomb.
    Chaud et terrassant les ombres.
    Au loin, des champs de blé.
    Blonds, droits, prêts à éclater et à donner leur vie.
    Une route poudreuse.
    Dure et rocailleuse.
    Un arbre calciné.
    Creux et résistant.
    Là, un homme.

    Debout, seul au milieu de la canicule. Son regard se porte dans le lointain. Vers cet horizon où seul le blé s'étend. Il ne pense pas à la chaleur, il ne la sent pas. Il y a des mois entiers qu'elle fait partie de son corps. Il l'a accepté comme on accepte un virus. Pourtant il n'a jamais songé à la rejeter.

    Il marche sur ce chemin. Ses semelles s'y usent, lui chauffent la plante des pieds, lui entament les talons comme autant de coups de couteau. Il marche.
    Ses chaussures buttent sur les pierres, font crisser le gravier. Bruits isolés en ce lieu. Trois mois qu'il progresse ainsi. Trois mois que le soleil l'écrase. Trois mois que les blés sont mûrs.

    Encore une chose qu'il ne comprend pas. Comme ces gens qu'il rencontre chaque soir. Le soleil baisse, la chaleur tombe et peu avant le crépuscule il voit une maison isolée, ancienne souvent, et toujours d'aspect chaleureux. Une femme est assise devant la porte. Elle l'attend, semble-t-il. Machinalement, il se rapproche et à l'invitation de la femme, sans un mot, entre et s'assied à l'immense table, usée par le temps, dans la pièce commune. On lui offre un repas, toujours très copieux malgré l'apparence miséreuse des habitants. Silence de tous les convives. Parfois un enfant pose une question au voyageur, mais il n'y a jamais de réponse. Seuls les adultes obtiennent satisfaction quand, après ce qui peut paraître des heures, ils osent rompre l'étouffante absence de sons de voix. Et toujours le grand homme répond par l'affirmative ou la négative. Rien de plus.
    Il trouve alors un lit confectionné de paille, dans l'étable sans animaux, puis s'endort dans un sommeil sans rêves.
    Le matin il s'éveille, prend un croûton de pain sur la table et sort pour continuer sa marche. Des mois que cela dure. Immuable, sans répit, sans idée de l'avenir.

    Un soir, comme il approchait d'une de ces maisons, découverte derrière une butte minuscule, il alla, comme à son habitude, vers cette femme qui aurait bien pu être la même que celle de la veille ou encore de trois jours auparavant.
    Chose curieuse elle s'approche de lui alors qu'il n'est encore qu'à une cinquantaine de mètres de l'entrée. Il s'arrête intrigué.
    Quelques mètres les sépare. Il n'ose bouger. Il ne sait que faire. Les situations nouvelles ne font plus partie de ses mœurs. Dix secondes interminables sous le soleil crachant ses dernières flammes.
    " Bonjour Ton ", lance-t-elle.
    Effrayé par le son de la voix, il recule.
    Elle lui prend la main. Il s'en détache. Ses yeux fuit le regard opalin de la jeune femme. - Venez, on vous attend. Ce n'est pas le moment de nous mettre en retard, ajoute-t-elle en l'entraînant vers le bâtiment.
    Ahuri, les pieds battant la poussière, des milliers de questions lui assaillant l'esprit, Ton la suit maladroitement.
    Il passe le pas de la lourde porte de bois et sent sur lui comme des centaines d'yeux se tournant vers lui de concert. Des voix se taisent. La femme l'installe sur une chaise. Tous les volets sont clos.
    Assis au milieu de la sombre pièce, il n'ose toucher au repas posé sur la table. L'envie ne lui en manque pourtant pas. Des mets fabuleux s'alignent près de lui comme jamais il ne se rappelle en avoir vu.

    - Ne vous gênez pas, Ton, mangez. La journée a du être dure, il vous faudra des forces. " Ca oui, la journée fut dure, pense-t-il, mais pas autant que ce qu'il m'arrive. Et pourquoi me faudrait-t-il des forces ? "
    Les conciliabules reprennent peu à peu. Six, peut-être sept personnes, semblent être là, tapies dans l'ombre comme attendant leur tour d'intervenir.
    Finalement, quelqu'un vient vers lui, s'avançant dans la faible lueur des bougies. C'est un homme paraissant assez âgé, mais qui porte encore en lui toute la robustesse de ses trente ans. Pourtant, au fond de ses yeux on peut percevoir une histoire vieille de plusieurs siècles. Ton tremble face à lui.
    - Ne craignez rien, dit-il, d'une vois douce et monocorde, ici, il ne peut plus rien vous arriver.
    Dominant sa peur Ton lui demande :
    - Je pourrai repartir demain matin ?
    - Je ne m'attendais pas à entendre cela de votre part, rétorque le vieillard, mais tout dépendra de vous, on ne peut pas vous en empêcher. Pour l'instant vous allez m'écouter. Ton le fixe, prêt à tout.
    - Vous est-il jamais arrivé de vous demander dans quel but vous errez au travers de cette morne campagne, commence le vieil homme, ni même comment vous êtes arrivé dans ce pays ? - Depuis le temps que je marche je ne me pose plus trop de questions de ce genre, vous savez. J'en suis arrivé au point où la notion d'existence, de vie, de mort, de but me sont devenus totalement étrangers. Mon errance est devenue ma seule compagne.
    - Vous ne voudriez pas connaître une certaine liberté, avoir la possibilité de faire des choix, de connaître d'autres gens, d'autres horizons ?
    - Non. Je ne pourrai pas m'adapter à cette foule d'informations qui m'agresseraient sans cesse de tous bords, sans forcément en sentir leur signification ni même leur profondeur. - Nous sommes réunis ici pour vous apprendre à faire face à tout cela. Ecoutez bien. Et Ton appris en une seule nuit plus qu'il n'en savait sur lui-même, sur le pays qu'il traversait depuis des mois, sur les gens qu'il rencontrait chaque soir. Il sut qu'il était originaire d'une planète lointaine maintenant disparue, engloutie par un cataclysme naturel. Des savants de son époque l'avait envoyé vers une destination inconnue, avec quelques-uns de ces semblables, pour qu'il puisse découvrir un nouveau lieu de vie et que leur race s'y développe et y fonde une nouvelle société. Mais une faille, durant le voyage les avaient tous tués.
    - Ainsi donc, je suis mort et pourtant bien vivant parmi vous, dit-il sans être sûr de ce qu'il avançait.
    - Vous êtes mort pour votre univers, votre dimension, votre temps. Vous êtes ici, alors que cela est, normalement, totalement improbable.
    - Mais comment expliquez vous ma "petite promenade de santé" ?
    - Lorsque vous êtes arrivé, il y a eu une interférence puisqu'une partie de votre univers s'immisçait dans le notre. Tout de suite, nous avons réagi en vous isolant, de façon quasi stérile, comme sous une bulle. Ensuite, nous vous avons observé, pour être sûr que nous ne courrions aucun danger, en vous sondant entièrement de façon insensible et indolore pour vous. Je dois avouer que votre manque de réactions nous a un peu étonné, mais nous avons attribué cela au choc du transfert.
    - Une question me brûle les lèvres : êtes vous véritablement humanoïdes ?
    - Pas du tout. Nous prenons les apparences que vous voulez que l'on prenne par rapport à vos références de votre subconscient.
    - Mais... Pourrais-je vous voir tels que vous êtes réellement ?
    - Bien sûr, rien de plus simple.

    Ton courrait au travers de l'interminable champ de blé. Il lui semblait que cela faisait des heures qu'il essayait de fuir sa peur, son dégoût de la vision de ces êtres. Il voulait mourir dans l'instant. Pourtant, le vieillard lui avait dit que sa vie serait au moins trois fois plus longue que la normale, qu'il aurait tous les honneurs dus à quelqu'un de son rang, qu'il lui créerait des hommes synthétiques mais très réalistes pour que sa vie soit proche de celle qu'il aurait eue sur Terre.
    Mais une petite voix dans sa tête lui criait : Non, jamais !!...
    Il s'arrêta près d'un arbre, essoufflé, haïssant le destin de lui avoir donné une issue aussi ridicule.
    Il fallait en finir tout de suite.
    Alors qu'il se jetait de la plus haute branche du chêne, et que le sol se rapprochait à une vitesse fulgurante, il revit une dernière fois le vieillard se transformer en une énorme mouche gluante et lui disant : " En plus, nous savons que notre physionomie vous est familière, vous n'aurez pas de mal à vous adapter à notre entourage."





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